Il a fallu le kidnapping d’un religieux pour voir l’Église monter au créneau contre l’insécurité

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 19 novembre 2020 à 19h21

En octobre dernier, un pasteur intervenait sur les ondes de la Chaine Pacific (ch.54) pour justifier le mutisme des religieux face à l’insécurité grandissante. Ce dernier avançait que l’Eglise [le lieu] n’est pas un endroit approprié pour des appels à manifester. Pourtant, les mois de juin et de juillet 2020 ont vu des centaines de fidèles dans les rues pour critiquer le nouveau code pénal qui, disent-ils, consacre la reconnaissance du mariage homosexuel et contrevient à nos mœurs et notre culture.

Il a fallu attendre le kidnapping de révérend père Sylvain Ronald, le 10 novembre dernier par des individus armés, à Delmas, pour voir le cardinal Chibly Langlois révolté face au phénomène de l’insécurité qui n’a point de limite ces derniers jours.
Les religions ont toujours été un circuit béni pour le trafic de l’intolérance, de la violence à chaque fois qu’elles estimaient que leur pouvoir et leurs zones d’influence menacés.

Qu’il s’agisse de l’Eglise catholique, des églises protestantes, de partis politiques, tous ont crié haro sur ce code pénal. Si les religieux n’ont pas manqué de faire entendre leurs voix sur un code pénal qui ne sera effectif que dans deux ans, ils ont donné leur langue au chat sur la flambée des chiffres de l’insécurité qui se déroulent ces derniers jours. Serait-il une question de priorité ?

Les affaires personnelles, comme l’orientation sexuelle et le sexe avant le mariage semblent devenir des priorités sur lesquelles l’Eglise se fait sentir beaucoup plus présente que la sécurité de ses fidèles qui ne rechignent jamais à contribuer car « legliz se nou, nou se legliz »

Au nom de quoi ? De la culture ? Les mœurs et les cultures sont des inventions humaines et comme le monde est dynamique, ces inventions sont appelées à évoluer. Au nom de la moralité ? il serait naïf de croire que les religieux restent toujours dans le droit chemin sinon le Vatican n’aurait pas créé une unité des répressions des infractions de catégorie sexuelle des hommes en soutane. Les plus populaires des pasteurs locaux ne seraient pas étiquetés de ‘’businessmen’’.

Au nom des saintes écritures alors? Pour paraphraser Emelie Prophète : «Il paraît qu’on trouve plein de choses sympas dans la Bible. Pourtant, ce livre complexe est truffé d’injonctions en tout genre. Comme par exemple se forcer à aimer son prochain quand on a toutes les raisons de détester ses voisins ? La Religion a contraint des millions de personnes, pendant des siècles, à agir contre leur volonté en capitalisant sur la peur de mourir et en promettant la vie éternelle en retour – sans garantie. »

Si l’on prend les écritures à la lettre, on serait obligé d’accepter des principes misogyne et rétrograde (cf : Deutéronome 22, 23-29) alors que ces actes sont passibles de lourde peine de nos jours. Le fait est qu’on observe aujourd’hui, une faiblesse de toutes les institutions qui étaient censées constituer le socle de notre société.

À l’instar du CSPN, l’Eglise se cache derrière des notes d’indignation et quand il s’agit de s’en prendre à des minorités, elles montrent les crocs. La PNH avait utilisé les grands moyens pour mater la protestation lycéenne alors qu’elle est incapable de freiner les avancées des gangs urbains. Les religieux s’en prennent à des minorités pour leur orientation sexuelle et baisse d’un ton quand il faut s’époumoner, appelant même à la grâce des criminels pour libérer un de les leurs.
« De grâce, libérez le père Sylvain ».

Jusqu’à quand l’Eglise se lèvera-t-elle comme un homme pour dire qu’elle a parlé? Faudra-t-il que tous les criminels deviennent des homosexuels? Faudrait-il que ces derniers défilent pour dire supporter le nouveau code pénal ? Quand se sentira-t-elle aussi concernée par des choses n’ayant aucun rapport au bas-ventre ?

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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