Joseph Jouthe Premier ministre

[Opinion] Quand le premier ministre Joseph Jouthe jouque, joute dans un tweet

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 29 mars 2020 à 21h16

Cette affaire est classée. Ce cas de kidnapping qui parait inédit pour plusieurs raisons, est enlevé de la liste de « l’enquête se poursuit » puisque le Dr. Jerry Bitar, Directeur de l’hopital Bernard Mevs, a été libéré vendredi tard dans la soirée.

Mais dans cette affaire, ce qui alimente actuellement la toile, c’est le tweet du premier ministre Joseph Jouthe.

Capture d’écran circulant sur les réseaux sociaux

Des internautes, indignés, choqués, se demandent : pourquoi le premier ministre de facto a-t-il fait cette déclaration? qu’est-ce que peut bien signifier ce tweet?

Premièrement, le président, le Chef de l’Etat, est le garant de la bonne marche de toutes les institutions de la République incluant le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) qui est présidé par le premier ministre. Pourquoi, dans une affaire relevant de la sécurité publique, remercier publiquement le président haïtien Jovenel Moise même s’il avait joué un quelconque rôle dans la libération du Directeur de l’hôpital Bernard Mevs?

Comment comprendre le support et l’implication du président Jovenel Moise « de l’enlèvement jusqu’à la libération du Dr. Jerry Bitar »? En d’autres termes, c’est dire que le président a été acteur dans un processus ; du début (l’enlèvement) à la fin (la libération). Est-ce vraiment les propos qu’il voulait tenir ou du moins son français (à l’écrit) a-t-il dérapé et si c’était une prise de parole improvisée en direct? Donnons le bénéfice du doute à notre premier ministre de facto; le contenu de son tweet est aussi le contenu de ce qu’il pensait écrire.

Le tweet de M. Jouthe montre que les questions relatives à la sécurité publique sont traitées à la légère sur les réseaux sociaux. Chez Jouthe, la notion de secret d’Etat est un vœu pieux. Ce message cache une intentionnalité caractérisant généralement le pouvoir en place c’est-à-dire les citoyen·n·e·s n’ont pas de droits et que les services publics offerts ne sont pas les obligations, devoirs de l’Etat ; il vous fait faveur, une grâce.

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Les slogans tels que : « ti rès la pou pèp la », « se yon dèt nou gen anvè sa ki pi fèb yo » exemplifient bien les actes de communication de ce pouvoir. Malheureusement !

Le fait que le médecin soit libéré, l’Etat en l’occurrence le président Jovenel Moise en personne (en Haïti, le président est l’Etat, lui-même) doit être félicité, remercié; c’est pourquoi il l’a fait en premier sans prendre conscience de son acte de communication. La république d’Haïti est dirigée par un président bandit légal, à en croire le chef de la primature à travers son tweet.

Implicitement, le tweet dit que certaines citoyennes ou certains citoyens comme le Dr. Jerry Bitar méritent l’attention de l’Etat, les autres sont assujettis aux caprices malsains des dirigeants. Acte de discrimination !

Les cas des personnes enlevées qui ne sont pas connues du grand public, pourquoi n’ont-ils pas non plus l’attention des autorités compétentes?
Pour une réponse anticipée ; vous direz : parce que les personnes enlevées ne sont pas d’utilité ou d’intérêt public et concernant le cas du médecin dans le contexte de la pandémie « Coronavirus », les ravisseurs devraient penser qu’il ne fallait pas kidnapper un professionnel de santé.

Et au regard de l’Etat de droit, quelle est la réponse?

Jean Frantz TOUSSAINT

À propos Jean Frantz Toussaint

Jean Frantz TOUSSAINT a fait des études en linguistique appliquée à l'Université d'État d'Haïti. Il est Éducateur, Formateur en Développement personnel. L'écriture est sa passion.
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