Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, 16 jours d’activisme
Photos combinées. Crédit : hanslucas.com & asfcanada.ca

Violences à l’égard des femmes et 16 jours d’activisme : ce qu’il faut savoir

Temps de lecture : 4 minutes

Dernière mise à jour : 25 novembre 2020 à 12h00

« En Haïti, le seul fait d’être une femme constitue un facteur de risque et de vulnérabilité en matière de violence. » Ces propos de Danièle Magloire, militante féministe illustre bien la situation des femmes par rapport à la violence dans le pays.

Aujourd’hui, la violence à l’égard des femmes et des filles constitue l’une des violations des droits humains les plus répandues, les plus persistantes et les plus dévastatrices dans le monde. Le rapport sur L’IMPUNITÉ DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES EN HAÏTI, rédigé par Avocats sans Frontières Canada, KAY FANM et l’Office de la protection du citoyen, souligne que l’impunité engendre des conséquences considérables sur les femmes et les filles haïtiennes, parmi lesquelles, la perte de confiance en la justice ainsi qu’une situation d’insécurité permanente pour la victime et sa famille. L’impunité est en partie responsable de l’augmentation et de la banalisation des violences faites aux femmes et aux filles. Il faut reconnaître que l’impunité est aussi la résultante d’un manque de volonté politique pour promouvoir et protéger les droits des femmes.

Qu’est-ce que la violence fondée sur le genre?

On entend par « violence fondée sur le genre » tout acte de violence perpétré contre une personne en raison de son genre, de son identité de genre, de son expression de genre, ou de son genre perçu. Les femmes, les jeunes femmes et les filles, les personnes LGBTQ2 et les personnes de diverses identités de genre, les femmes qui vivent dans les régions nordiques, rurales ou éloignées ainsi que les femmes vivant avec un handicap sont plus susceptibles d’être victimes de violence fondée sur le genre

En quoi consistent les 16 jours d’activisme?

Selon l’ONU, la Campagne mondiale de 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences faites aux femmes lancée en 1991 par le Center for Women’s Global Leadership (CWGL), a pris de l’ampleur dans plus de 187 pays, avec la participation de 6 000 organisations et de plus de 300 millions de personnes. Ayant lieu chaque année du 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, au 10 décembre, Journée des droits de l’Homme, elle a été l’occasion pour de nombreux acteurs d’œuvrer à la promotion des droits humains des femmes. Les organisations féminines locales, les organisations non gouvernementales nationales, régionales et internationales, les organismes des Nations Unies ainsi que les gouvernements sensibilisent l’opinion publique, mobilisent les électeurs, demandent des comptes et montrent les progrès accomplis en matière d’élimination de la violence fondée sur le genre. La Campagne de 16 jours repose sur des valeurs féministes, les principes des droits de l’Homme et la certitude qu’il est possible de vivre dans un monde à l’abri de la violence.

La campagne commence le 25 Novembre pour appeler à faire plus attention à la violence de genre. Cette date a été choisie en l’honneur des sœurs Mirabal, qui ont été assassinées en 1960 sous la dictature de Rafael Trujillo en République Dominicaine. En 1999, les Nations Unies ont reconnu le 25 Novembre comme journée officielle.

Le 10 Décembre: Journée Internationale des Droits de l’Homme est une célébration de l’adoption de la Déclaration Universelle des droits de l’homme en 1948. La Campagne utilise la journée des droits de l’homme comme une opportunité pour commémorer la signature de ce document historique et pour promouvoir les principes qu’il incarne.

« Nous ne laisserons personne pour compte. »

Friedrich Nietzche avait déclaré que : « La croyance que rien ne change provient soit d’une mauvaise vue, soit d’une mauvaise foi. La première se corrige, la seconde se combat. » Il est clair que la femme haïtienne est en posture de combat pour ses droits plutôt que de rentrer dans le rang, elle s’est ouverte sur l’epineuse question de la violence à leur encontre qui a suscité pas mal d’émotions depuis la sortie de « Zoune chez sa nainnaine » œuvre dans lequel Justin Lhérisson a critiqué les valeurs et normes socio-culturelles qui légitiment la violence envers les filles et les femmes à un certain niveau.

Plus d’un siècle sépare ce roman de notre ère et pourtant les problèmes persistent car pas loin que l’an dernier, la première république noire fut citée dans un article de The Atlantic, comme un des rares pays n’ayant pas de lois pour protéger les femmes contre la violence domestique, protégeant ainsi les brutes qui battent, violent ou tuent leurs femmes.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé, la lutte pour les droits des femmes a connu d’excellents progrès notamment : une plus grande accessibilité aux informations liées aux pratiques et maladies sexuelles, une plus grande présence féminine dans les médias, la violence scolaire basée sur le genre a diminué. Et malgré leurs avancées, elles sont victimes de représailles certaines fois de la part des plus hautes instances. Récemment banni à vie du football par la FIFA pour abus sur des mineures, l’ex-président de la fédération haïtienne de football  (FHF), Yves Jean-Bart, a choisi d’organiser une conférence de presse à l’hôtel Marriott Haïti ce 25 novembre — Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes — dans une énième tentative pour laver son honneur et contre-attaquer après l’avoir fait juridiquement les organisations des droits humains notamment Kay Fanm, SOFA, Kri Fanm Ayiti et CALDSH. Pour des raisons inconnues — qu’on suppose liée à l’insolence du choix de cette date — la conférence de presse a été renvoyée pour une date ultérieure.

Couramment sources de sourires et de rires, il arrive que certaines oublient avec le temps, trop occupées à cacher une trace de violence domestique ou de harcèlement au travail parce que la vie n’est pas drôle tous les jours à force de jongler entre crise politique et attitude porcine qu’il faudrait balancer.

Dans ce contexte nauséabond, la cause des femmes a plus que jamais sa raison d’être. La voix de la femme haïtienne est devenue tout aussi importante que celles des orphelins, des personnes handicapées au sein d’une société qui a longtemps agi contre les minorités. À travers cette journée internationale, une enième pavée est jetée dans la marre pour nous rappeler que nous vivons toujours dans un monde monochrome. Car si nous avons besoin de rappeler que la vie des femmes comptent, c’est parce qu’il existe bien une raisoon.

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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