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Qui est l’Homme des Droits de l’homme?

Temps de lecture : 4 minutes

Dernière mise à jour : 25 avril 2020 à 16h42

Le coronavirus (Covid-19) frappe l’humanité. Il fait des victimes dans toutes les régions du monde. Avec ses millions de cas d’infection, non seulement ce virus brouille les cartes de la géopolitique, mais également, il donne un autre aspect de la réalité concernant l’effectivité des droits fondamentaux dans un monde où l’individualisme et le racisme d’État font la Une.

L’une des communautés les plus victimes après les Ouïgours de la Chine, c’est la communauté Afro-descendante.

En France, sur un plateau télé, deux scientifiques français discutent de la façon dont un vaccin devrait être abordé. L’animateur qui se dit vouloir être provocateur insiste sur l’expérience clinique d’un vaccin contre le Covid-19 sur les communautés noires africaines. Ce qui ne s’arrête pas là puisque les grands de la technologie médicale du monde emboîtent le pas en voulant tester le futur vaccin en Afrique avant de le lancer sur le marché européen où il y a le plus de victimes. C’est un paradoxe toutefois criant.

Ceci n’a pas laissé les concernés sans réaction puisqu’ils militent pour que les africains refusent tout vaccin en bloc. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a, de ce fait, affirmé qu’aucun vaccin ne sera testé sur une base de couleur ou géographie propre. Ceci est le cas africain.

Aux États-Unis, la communauté noire connaît trois fois plus de cas d’infection et de six fois plus de cas de décès selon le journal Washington Post. Ceci aurait pour cause, l’inégalité de la communauté noire de par la chèreté des frais médicaux, le manque d’emploi et la problématique du logement décent qui n’est pas une première des calamités des afro-américains dont leurs ascendants ont été affranchis par le Président Abraham Lincoln.

Entre corruption, ingérence et violence systématique des droits fondamentaux, le cas haïtien est beaucoup plus paradoxal. Au lieu de procéder à la sensibilisation générale et de la prévention contre la maladie, l’administration Jovenel-Jouthe par l’intermédiaire de son ministre des travaux publics prévoient une fosse commune pour les futures victimes en masse du coronavirus à raison de 1000 à 1500 décès par jour. Triste constat : la mort est plus prévisible que la vie en Haïti.

En regardant ces trois branches de la famille Noire du monde qui ont fait l’histoire par l’enrichissement et la contribution pour la lutte et la sauvegarde de la démocratie lors des conflits mondiaux, le Mouvement des droits civiques et l’indépendance d’Haïti en 1804, de part leur traitement par rapport aux droits fondamentaux, une question reste pendante : Qui est l’Homme des Droits de l’homme ?

Les peuples Noirs et les droits de l’homme

Tous les hommes sont nés libres et égaux devant la loi (art 1 Déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen). Nous tenons pour évidentes pour elles mêmes les vérités suivantes : Tous les Hommes sont créés égaux ; ils sont doués de certains droits inaliénables.

Parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur (Déclaration d’indépendance des États-Unis).Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit (Déclaration univ., Art 1). Voici les textes phares de l’idéologie occidentale dominante concernant les droits fondamentaux. Mais le problème c’est pour quel groupe d’hommes étaient-ils écrits ?

Les peuples Noirs dans la conscience juridique de l’occident

Au moment de la publication de ces textes juridiques, le peuple noir connaissait une autre histoire concernant leur réalité. En 1789, l’esclavage battait son plein. C’était l’institution économique du moment. Avec l’institution particulière (on le denommait ainsi dans l’Amérique coloniale), les Occidentaux construisirent la richesse de leurs nations. Le Code noir était attribué aux esclaves. Ce corpus juridique chosifiait l’homme noir et le rendait corvéable et commerciable pour leurs maîtres blancs qui ne leur connaissaient aucun droit.

Les troubles de la colonie commencèrent avec la promulgation de la déclaration. Ce qui chamboula l’Ordre colonial construit sur le dos des Noirs importés d’Afrique. Aux États-Unis, l’esclavage resta maintenu jusqu’en 1865 sous Lincoln. Haïti resta aussi isolé pendant cette période. Dès lors, avec la Reconstruction, la ségrégation, et le Mouvement des droits civiques et la Reconnaissance, les Afrodescendants luttent perpétuellement pour l’affirmation de leur droits.

Avec Obama Care, le gouvernement d’Obama voulait soulager ces maux causés par la privatisation des services de santé. Mais l’administration de Trump révoqua ce système d’assurance. Résultat: les Noirs américains restent le groupe le plus exposé avec le corona virus. Les États-Unis restent le pays le plus exceptionnaliste dans le domaine des droits de l’homme. Ils obligent l’égalité à l’extérieur mais maintiennent le racisme d’État chez eux.

En Afrique, le grenier de l’Europe ne fait pas mieux. Avec les voyages d’exploration ante-1884, et la colonisation, la pacification des groupes ethniques resistants, et l’installation de l’État colonial et post-colonial, le continent Africain devient de plus en plus dépendant. L’Homme noir n’est pas assez entré dans l’histoire selon Nicolas Sarkozy, mais assez robuste pour être les rats de laboratoire.

Entre le racisme d’État et les noyades dans la méditerranée, les africains voient leur vie terminée brutalement sans goûter aux bienfaits des droits de l’homme. « On nous avait dit qu’il y en aurait ici »: dit l’un des rescapés.

N’en parlons pas pour la première République Noire au monde et l’un des pionners de l’ONU. Ce pays avec ses instabilités, violations systématiques et ses innombrables ingérences restent un trou sombre dans la conscience occidentale.

L’avenir du peuple noir à travers ses droits fondamentaux

Tous les actes de l’Occident sont réalisés sur la base de la sauvegarde de la démocratie, des droits de l’homme. Les descendants des anciens esclaves souffrent toujours de l’absence de l’application concrète des droits de l’homme. Il y a certains d’entre eux qui se sont réfugiés derrière leur culture pour faire résistance. On parle des peuples arabo-musulmans. Quel espoir pour les peuples noirs dans ce cas ?

La Charte du Mandé, actuel Mali, a elle aussi promulgué une déclaration concernant les droits fondamentaux en 1236. Une vie est Une vie. Une vie n’est pas plus ancienne ni plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une autre vie n’est pas supérieure à une autre vie, pouvions-nous lire.

Le droit à la Santé fait partie des déterminants chers à la vie. Il y aura sans doute un après Corona Virus. Elevons nous comme Martin Lutter King sur les marches à Washington en face du Mémorial de Lincoln pour créer les droits fondamentaux de l’homme noir propice à notre culture pour terminer ce que Dessalines a commencé en 1804.

À propos Richecarde Celestin

Celestin Richecarde Juriste-Historien HumanRights Négritude Haïti
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