Faire face au télétravail en Haïti : des professionnels parlent de leurs difficultés

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 26 mai 2020 à 14h02

Télétravail dites-vous ? La réalité haïtienne répond: électricité, internet et, à certains égards, obligations de résultats.

La covid-19 a changé la face du monde tel qu’on le connaissait. Les habitudes changent et tous les secteurs sont obligés de s’y habituer. Avec les mesures prises par le gouvernement préconisant la réduction des déplacements, les entreprises publiques et privées ont donc tenté d’adopter le travail à distance pour certains de leurs employés. Comment arriver à être efficace alors qu’on travaille à distance en Haïti lorsque tout fait défaut ?

Certains professionnels interrogés par la rédaction de Balistrad partagent leurs expériences.

L’électricité, un problème majeur

Entre les promesses de donner l’électricité 24/24, les scandales et altercations avec les compagnies privées qui vendaient leurs services à l’EDH, Jovenel Moise peine encore à trouver la bonne formule pour satisfaire la population en matière d’électricité. Résultat? La population qui en pâtit.

Durant le confinement, la plupart de ceux qui sont obligés de travailler à distance avouent que leur problème majeur reste l’absence d’électricité. « Au début, j’ai cru qu’il y avait un problème au niveau de ma zone uniquement », raconte Hadson Archange Albert, travaillant en Communication dans une entreprise privée. « Finalement, je me suis rendu compte que beaucoup de gens évoquaient le même problème dans d’autres zones du pays. Cela m’a empêché de travailler durant les premiers jours parce que je n’arrivais pas encore à trouver une solution au problème », a-t-il ajouté.

Même son de cloche pour Hélène Bazile, l’un des responsables de Femmes VEE. « Avoir l’électricité pour travailler demeure le plus grand problème pour ceux qui sont obligés de travailler chez eux. »

Trouver des palliatifs

Puisqu’il fallait quand même travailler, certains ont dû changer de stratégies. « Au final, j’ai dû laisser ma maison et trouver des endroits où je peux brancher mon ordinateur au risque de me retrouver dans des endroits où la distanciation sociale ne peut être respectée », explique Hadson Albert.
D’autres ont dû faire faire l’acquisition de batteries et de trouver d’autres source d’énergies pour pouvoir continuer à travailler. C’est le cas pour Hélène Bazile et Daniel Jean-Baptiste travaillant dans une compagnie de téléphonie mobile. « Je fais usage de batterie et d’inverter et quand finalement, l’EDH fait signe, on recharge les batteries pour les jours de disette. », affirme Daniel Jean-Baptiste.

L’internet, l’autre souci

Si aujourd’hui le monde bouge, vit et fonctionne presque grâce à Internet, en Haïti, il reste une gageure dans certaines zones de trouver un signal correct pour pouvoir vaquer à ses activités. Pour certaines banlieues de Port-au-Prince, aucune compagnie n’arrive à répondre aux besoins de la population. Et un signal Internet correct demeure l’un des éléments importants si l’on veut réussir à travailler à distance. « C’est difficile d’avoir les résultats escomptés quand vous n’arrivez pas à avoir une connexion Internet correcte », avoue Erick Jura, PDG de Koze Kretyen.

Des bons côtés malgré tout

En dépit des difficultés, plusieurs personnes affirment que le travail à distance a certains avantages. « Cela évite le transport en commun et le déplacement et permet de travailler dans un cadre intime », estime Daniel Jean-Baptiste. Pour d’autres, cela permet de définir au mieux leurs horaires en restant chez eux.

Cependant, jongler entre le black-out et un signal Internet qui zigzague de temps en temps découragent la plupart des employés dont certains ont préféré reprendre le chemin du bureau pour pouvoir répondre à leurs obligations comme l’a fait Hadson Albert. Alors que d’autres pays arrivent à maintenir l’équilibre entre travail et école en dépit du corona virus, en Haïti, on peine encore à trouver le rythme. 24/24, nous trainons encore et encore avant de donner des résultats.

Vanessa Dalzon

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
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