Crédit Photo : Le Nouvelliste Haiti

Haïti – PetroCaribe : entre catastrophe naturelle et mobilisation 

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 25 octobre 2018 à 8h42

Depuis des mois, des sit-ins sont organisés à travers les différentes villes du pays pour exiger que lumière soit faite sur le dossier PetroCaribe. 17 octobre est la date attendue par tous les Haïtiens, les internautes, surtout les jeunes conscients de l’importance du PetroCaribeChallenge.

Le  séisme du 6 octobre dernier viendrait-il calmer les ardeurs du peuple sur la demande des comptes sur la gestion des fonds de PetroCaribe ?

Beaucoup de jeunes du pays essayent de donner leur réponse. Selon plusieurs, ce séisme de magnitude 5.9 qui a saccagé le grand nord du pays, notamment le département du Nord-ouest, ne sera pas sans effet sur la volonté du peuple de fouler le béton  le 17 octobre prévu.

Jeune, costaud avec l’air décisif, Luc Dufresne est parmi ces jeunes qui croient que ce séisme est un catalyseur pour le 17 octobre prochain:

« Ces deux nouveaux séismes s’ajouteront au lot de frustrations de la population. Près de 9 ans après celui du 12 janvier, les dirigeants n’ont rien appris, aucune stratégie mise en place pour éviter des pertes en vies humaines !»

Il met l’accent sur une manifestation d’intérêt général et de la volonté du peuple d’exiger aux institutions concernées de bien jouer leur rôle et de prendre les mesures nécessaires.

«Le 17 octobre prochain, ce sera aussi une occasion pour la population de prendre la rue pour dénoncer le laxisme et l’irresponsabilité de l’Etat», avance l’étudiant finissant en communication.

Cette idée selon laquelle ce séisme viendrait refroidir le peuple ne tient pas. Nombreux sont ceux qui croient que ce séisme symbolise la dernière goutte qui fera renverser le vase.

Jean Verdin Jeudi, un jeune très attaché au monde littéraire, en est un exemple:

« De tranblemanntè sa yo ka sèvi kò m yon gòje gaz anplis ki vide sou dife revandikasyon k ap gen 17 oktòb la.»

Le poète et sociologue poursuit pour dire que ce séisme est une preuve tangible de notre vulnérabilité en dépit de toutes les propagandes que font les autorités concernées.

Toujours convaincu que ces deux séismes vont booster la volonté du peuple pour gagner  les rues, ce 17 octobre, Dorange Sony ne se tait pas sur la question:

«Vu la situation actuelle du pays, ce 6 octobre devra jouer un rôle de stimulant pour la réussite du 17 octobre. Les dégâts qui étaient enregistrés la semaine dernière ne sont pas assez élevés pour pouvoir empêcher au peuple de gagner les rues.»

Par ailleurs d’autres jeunes essayent de tenir l’équilibre dans la mesure où ils voient que ce séisme  pourrait paralyser ce 17 octobre.

Sapé comme un milord dans son costume gris, cartable en main, connu comme rédacteur au journal en ligne pour Balistrad, Rysdaël Clébert Duvelsaint semble aller à contre courant : «Le 6 octobre dernier apparaît comme une forme de retour à ce passé qui engendre peur, crainte et autres. Cela sous-entend qu’un peuple qui vit avec la peur de revivre ces jours blessants n’a pas vraiment le courage de manifester.»

Il continue pour dire: « Je pense que ce tremblement de terre constitue un élément de découragement face à la volonté de la population de savoir qui sont les dilapidateurs des fonds  petrocaribe.»

Par ailleurs l’étudiant en relations internationales n’écarte pas une possibilité pour que les deux séismes soient une source de motivation pour la population de faire ce 17 octobre une date marquante :

«Le 6 octobre dernier doit constituer un prétexte pour le peuple haïtien de  prendre les rues pour demander “Kot kòb petrocaribe an?”. Car, si ces fonds n’avaient pas été dilapidés, on aurait connu un avancement vers le développement souhaité.»

Sur les réseaux sociaux,notamment facebook et twitter, les jeunes se mobilisent, se motivent à travers les différentes publications identifiées par ces hashtags: #KotLajanPetwoKaribeA, #KòdLaOubyenKòdLa, #MareToutVolèYo. Le 17 octobre, date qui aura marqué le 212ème anniversaire de l’assassinat de Jean Jacques Dessalines, père de la patrie haïtienne, reste un jour crucial dans le combat contre la corruption et l’impunité.

À propos Billy Dore

Billy Doré est journaliste à Balistrad. Il est étudiant mémorand en Sciences Politiques et étudiant en Sociologie à l'Université d'État d'Haïti.
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