Blog | Les problèmes d’Haïti: une rengaine insupportable

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 28 juin 2020 à 12h18

Parler des problèmes d’Haiti devient lassant. C’est un bouillon réchauffé. D’autant plus qu’il n’existe apparemment aucune alternative…

Il y a tout juste deux (2) semaines, les USA ont joué une belle comédie, une blague des plus stupides et infantiles mais nécessaire. Le jour de l’anniversaire du 45ème président des États-Unis, ils ont placardé les photos du numéro 44ème partout, comme pour montrer leur désapprobation en ce temps de révolte sociale et populaire.

Chez nous, le 25 Juin, l’anniversaire de JoMo (Jovenel Moïse) est passé comme un autre jour; sans grandes pompes. Une amie a eu à me dire qu’on aurait dû faire comme les USA. Je lui ai répondu qui aurait-on à placarder en face de JoMo? Après maintes réflexions, elle m’a dit en ricanant : « Henry Christophe… »

Aussi ridicule fut sa réponse, elle m’a confirmé ce que je craignais : on n’a personne dans notre histoire qui puisse être l’emblème de bon leadership et d’espoir! Je peux me tromper car mon père me répétait souvent que Dumarsais Estimé a été bel et bien estimé. Cependant, pour ma part, aucun des présidents ou autres leaders que nous avons eu au fil des années ne peut se voir attribuer le titre d’emblème national pour la justice et la reconstruction de la nation.

Encore moins ceux d’aujourd’hui. Serions-nous donc une nation sans espoir? Une nation sans espoir de voir un jour une lumière au bout du tunnel, sans espoir de voir un jour le jardin fleurir après une longue sécheresse?

Nous avons été le miroir du Sahara bien avant que ses particules ne nous envahissent ces derniers jours, une terre regorgeant de trésors-pillés pour la moitié mais encore productive.
Notre société se retrouve plus que jamais dans la débandade, dans une anarchie quasi complète. Un chef d’état qui se retrouve sans voix face au système monétaire plus que corrompu. Un chef de gouvernement qui se vante qu’un virus n’ait pas pu nous emplumer alors que la gourde se fait asphyxier par le dollar américain.

Ou encore, des responsables gouvernementaux, langues liées par les chaînes de la prévarication systémique et qui ne peuvent donner aucune réponse concernant le blackout éternel ou le manque de ressources sanitaires adéquates; concernant toutes les fois où  » l’enquête se poursuit » claironnées depuis la nuit des temps. Ils n’ont aucune alternative concernant l’éducation des jeunes et des enfants en péril aux dix (10) coins du territoire et ce bien avant le Coronavirus.

C’est un bouillon rechauffé de complaintes paysannes et citadines mais c’est notre réalité. Il faut en parler même si cela peut ne plus suffire: une adolescente se voit arracher la vie sans explications par un agent de sécurité,
deux artistes pleins de potentiels ne rentreront jamais chez eux, finalement un fils qui ne verra plus jamais ses deux parents en revenant de l’école et gardera en mémoire l’image de sa mère abattue en le protégeant et celui de son père lâchement assassiné.

Des centaines de familles ne se sentiront jamais en sécurité dans leur propre quartier. Des madan sara ne se sentiront jamais à la hauteur des demandes de leurs familles parce que leurs commerces sont passés aux griffes des flammes criminelles alors que des fonctionnaires se préparent des parachutes dorées pour mieux enfler leurs poches déjà sonnantes et trébuchantes. Le commun des mortels et ce qu’il reste de la classe moyenne voient leurs poches s’applatir de plus en plus.

Cela ne fait que confirmer la phrase célèbre de l’homme Banane:  » Ti rès la pou pèp la ». En fait, les miettes de l’assiette vide, décherpillée seront tant bien que mal distribuées. Les ventres sourds plus que jamais n’en resteront qu’affamés. Les champs de bannanes restent encore sous-productifs. La production nationnale tant claironnée est encore étouffée par l’importation. L’échéance des 24 mois pour le « courant 24/24 » est plus qu’écoulée. Le procès PetroCaribe promis est suspendu. La gourde respire à peine.

Enfin, le niveau des caisses baisse à grands pas et bientôt il ne restera vraiment plus rien.

Ramona Joëlle Adrien

À propos Ramona Joëlle Adrien

Je m'appelle Ramona Joëlle Adrien, je suis Ergothérapeute travaillant surtout en Pédiatrie. Je suis une mordue des livres; passionnée des arts, de la musique et du volley-ball. Écrire est pour moi un moyen de m'echapper et m'isoler du monde ou de partager ce qui se passe au fond avec l'extérieur.
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