Witensky Lauvince, entre littérature et la vie

Temps de lecture : 5 minutes

Dernière mise à jour : 6 décembre 2018 à 14h06

Witensky Lauvince, dit Le Scribe, est le genre de poète, d’auteur qui, en plus d’égayer le monde littéraire, sait profiter de la vie. Son credo : » Je lis, je bois, j’écris donc je suis ! » Correcteur principal à Balistrad, correcteur à HaïtiTèks, propriétaire de Cortex et animateur de son propre blog, Le Scribe est un homme occupé qui, malgré tout, a su trouver le temps de se pencher sur un roman. Bien qu’il aime passer ses hauts sous silence, nous avions pu extirper quelques notes de la bouche de ce génie des lettres.

Balistrad : Qui est Lauvince ?

L : Qui suis-je ? C’est toujours un combat de parler de soi, de détecter les zones sensibles de son être. Blaise Pascal le disait: « Le moi est haïssable ». Il vaut mieux parfois se chercher dans l’autre, le comprendre et se reconnaître. Mais je consentirai à faire un effort pour me livrer.

Eh bien ! Je suis moi, un viveur, un jeune homme qui sait que demain ne lui appartient pas et se promet d’épuiser chaque minute de joie offerte par la vie. Je lis, je bois, j’écris donc je suis.

B : Votre naissance ?

L : Je suis venu au monde le 29 décembre 1996 à Léogâne, fière cité d’Anacaona, située à proximité de Port-au-Prince.

B : Votre scolarité ?

L : Mes années de jardin d’enfant ont été à l’Abeille Kindergarten puis j’ai fait mes études primaires à l’Ecole des Frères Louis Borno de Léogâne. Après, je suis entré à Port-au-Prince pour continuer mes études (en 7eAF) à l’Institution Saint Louis de Gonzague. Actuellement, je suis étudiant en Sciences Juridiques à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques.

B : D’où vous vient cet amour pour la littérature ?

L : Il est des choses qui nous tombent dessus comme une heureuse malédiction et c’est ainsi avec la littérature. J’ai commencé à lire très tôt. Je dévorais mes manuels scolaires, je lisais aussi la Bible et quand j’eus enfin accès à une bibliothèque j’ai changé de registre. De la littérature jeunesse avec le fameux Blyton dans les Club des Cinq et Clan des Sept, les Jojo Lapin et les bandes dessinées et les scouts, des livres d’astronomie pour enfin passer à des romans. Le livre a toujours été pour moi un bon ami et une fois à Port-au-Prince, je suis vite devenu un habitué de la bibliothèque de l’école. Je lisais sur la cour, en classe, en rentrant chez moi, le soir à la lueur d’une lampe… C’est ainsi que je grandissais et avec moi ce désir intense d’apprendre et de lire beaucoup plus. Voilà comment j’ai été présenté à la littérature.

B : Pouvez-vous nous citer deux livres qui vous ont marqué jusqu’ici cette année ?

L : Je dirais « Bain de Lune » de Yanick Lahens (Prix Femina 2014) et « La grande permission » de Ernst Wiechert, un auteur allemand.

B : Quand et comment avez vous commencé à écrire ?

L : J’ai osé la création littéraire pour la toute première fois un peu tôt aussi. Je devais avoir dans les dix ans quand j’ai couché quelques mots sur une feuille, des vers un peu incohérents. Il faut dire que déjà au kinder, toute activité de ce genre m’intéressait. Je me souviens encore de cette poésie que j’ai dite lors de ma graduation. Ensuite, en classe de 7ème, j’ai eu un cours de poésie qui a attisé ma passion pour l’écriture. C’était une période de quête de soi, d’orientation et l’essence de ma production était plutôt solitude et mélancolie. Une période marquée par ma venue à Port-au-Prince, une douleur indicible de se séparer de ceux que j’aime, ceux qui m’ont tenu la main durant une bonne partie du chemin. J’avais 12 ans, donc un petit homme avec ses habitudes et ses défauts. Et c’est là que la littérature est venue me sauver. Par ces plaintes, ces mots qu’acceptaient mes cahiers, j’ai pu exorciser ma peine, accrocher quelques étoiles à mon firmament sombre. Pour la plupart, des poèmes taillés sur mesure de tristesse qui me faisaient du bien et du mal en même temps. Je ne pouvais que continuer ma longue marche avec l’écriture  tout en m’abreuvant de lecture parce que l’écrivain est avant tout un grand lecteur.

B : Et pourquoi ce pseudo « Le Scribe » ?

L : Ce pseudo remonte à quelques années quand j’étais en classe de 3ème ou Seconde. Je participais à un camping d’hiver dans une de nos provinces (je ne me rappelle pas laquelle). Dans les soirées culturelles, un ami et moi (Adabens Lefort) nous envoyions toujours des dédicaces: des mots gentils, des bouts de poèmes si bien qu’on nous appelait scribes (tant on écrivait). C’est ainsi que j’ai eu l’idée d’adopter le pseudo et je me suis surnommé « Le Scribe ». Plus tard, j’ai confirmé qu’il m’allait comme un gant lorsqu’en salle de classe, on me le sifflait après un texte ou une présentation. Et depuis c’est mon nom de plume.

B : Parlez nous des difficultés que vous avez rencontrées dans la vie.

L : Aucun chemin n’est sans embûches et j’ai eu les miennes qui, d’ailleurs, continuent. Cette question me ramène tout droit à ma première publication, où les soucis pécuniaires me posaient énormément de problèmes. Et dans le quotidien, les difficultés sont parfois légion: une collaboration infructueuse, un souci professionnel, un manque de motivation etc. Dans cette sempiternelle quête de faire de ma vie un poème, j’ai donc eu droit à des aspérités. Mais comme je le répète souvent, un bon viveur sait tirer subsistance du malheur et j’estime qu’il est sage de profiter de l’altérité. Je ne m’en plains pas, j’absorbe, parfois je m’efface mais je reprends sans cesse mon ouvrage auprès de la vie. Pourquoi ? Toute oeuvre de longue haleine nécessite des retouches et je veux toujours le prendre comme ça.

B : Que faites-vous dans la vie à présent ?

L : Eh bien ! Je me débrouille pour être porteur d’énergie. Je l’ai dit tantôt, je fais des études de Droit, j’essaie de conjuguer passion et obligation comme elles riment si bien. J’ai un blog (Feuillets de Scribe) où je partage mes coups de cœur ou de tête, mes réflexions, mes constats. De temps en temps je fous à la vie quelques bons poings à la gueule de connivence avec une bouteille de bière et les délires des potes, histoire de ne pas laisser gagner les avatars de l’existence. Enfin, je vis et je tente d’être meilleur à l’atelier de l’espoir.

B : Quels sont vos projets à venir ?

L : Beaucoup d’horizons à découvrir. Beaucoup de rêves à foutre dehors en chair, en papier. Certains se matérialisent déjà. Mais parfois nos passions sont noyées dans nos ambitions professionnelles, pour répéter un ami. Pour le moment, je compte me pencher à nouveau sur un roman en chantier et je collabore à certains projets d’écriture. Les années à venir vous révèleront ce que je vous cache maintenant. Il n’est que d’attendre.

Propos recueillis par Joubert Joseph

À propos Joubert Joseph

Joubert Joseph, né à Port-Margot le 29 avril 1997, passionné de poésie depuis son plus jeune âge, est poète et journaliste. Il a publié respectivement «15 poèmes pour un million d'étreintes» et «Léa ou La beauté en mille morceaux». Deux ouvrages qui ont été salués par la critique. Il a étudié le journalisme à l'Isnac et travaille actuellement comme reporter à Radio Kiskeya. Rédacteur à Balistrad, Joubert Joseph opte pour un «journalisme responsable.»
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