Opération-Rupture: Phase “Comparaison”

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 28 février 2019 à 14h11

Je sortais alors régulièrement avec Wooly. C’était un très bon garçon. Il aurait pu être le petit ami parfait. Beaucoup de filles au bureau m’enviaient sa compagnie. Certaines allaient même jusqu’à faire des remarques acerbes sur mon passage. Mes parents le trouvaient correct, bien élevé et ayant la tête sur les épaules même s’ils n’arrêtaient pas de faire référence à toi en parlant de lui avec une pointe de nostalgie. Mon frère le trouvait gentil mais estimait que tu étais plus « cool ». Mes amies le trouvaient « bien pour moi » sans s’empêcher de ressasser combien tu étais sympathique avec elles. Tout le monde cependant s’accordait à dire que lui et toi, vous vous ressemblez beaucoup.

C’est vrai, il avait beaucoup de points communs avec toi. Vous êtes tous les deux de rudes travailleurs. Il est aussi gentil et charmant que toi tu peux l’être. Il me pousse à croire en mes rêves et se met à ma disposition pour m’aider à les réaliser comme toi tu le faisais. Il avait aussi le sens de l’humour, enfin un certain sens de l’humour car avec lui, je ne partageais jamais les fous rires que j’ai connus avec toi. Vous partagez les mêmes goûts musicaux, la même passion pour le sport. Vous portiez les mêmes types de vêtements. Je n’avais jamais remarqué avant à quel point Wooly et toi vous vous ressemblez.

Wooly était parfait mais il avait péché sur un point capital : il n’était pas toi! Je ne ressentais pas pour lui cette envie d’appeler pour lui raconter la dernière farce que mes amis et moi avions jouée à mon père, ou lui dire les dernières bêtises de mon petit frère. Je ne me sentais pas prête à partager avec lui mes doutes sur un problème quelconque. Avec lui, je devais toujours être forte alors que dans tes bras, je pouvais pleurer sans retenue. Pour Wooly, il me fallait être toujours impeccable tandis que pour toi, les mèches qui s’échappaient de mon chignon me donnaient un air juvénile qui t’attendrissait. Tu étais aussi à l’aise au cours d’une soirée de gala entre hommes d’affaires que dans une ambiance de réunion de jeunesse un dimanche soir. Wooly n’arrivait pas à se fondre dans les deux. Wooly ne voulait connaitre en moi que la parfaite femme du monde que je me devais d’être dans ma vie professionnelle alors que toi, tu adorais la petite fille espiègle qui avait plus d’un tour dans son sac.

Wooly était le compagnon idéal mais il n’arrivait pas à établir cet exploit : me permettre de t’oublier. Les rares fois où avec lui je me sentais réellement moi, c’est lorsque ton visage se substituait au sien et que je nourrissais l’illusion de te parler à toi. Les rares messages gentils que j’arrivais à lui écrire ont pu l’être parce que je m’imaginais en train de converser avec toi.

Wooly n’était pas toi. Il fallait me rendre à l’évidence. Il te ressemblait tellement pourtant. Et même là encore, même s’il aurait relevé le défi d’être ton double, je crois encore une fois que je t’aurais choisi toi…

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Episode 2 | Suivez le lien : 👉 https://www.balistrad.com/operation-rupture-phase-jalousie

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
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