En Haïti, les jours passent mais ne sont pas comptés. Pour la peine, le président a parlé. Ceux qui avaient bon espoir de sortir peuvent dorénavant retourner à leur léthargie.
« Depui Me nou sot lekòl », s’est plainte une internaute au début du mois d’octobre se référant aux problèmes du pays. Devant reprendre les cours en septembre, le « peyi lock » l’a empêchée d’y prendre part comme il se doit.
En effet, on en est à notre cinquième semaine. À chaque nouvelle saison de « peyi lock », nous battons notre propre record. Nous ne parlons plus de jours ou de semaines, maintenant on passe le cap du plus d’un mois.
En Haïti, les jours passent mais ils ne sont pas comptés. D’ailleurs, parlant de jour, n’en a t-on pas perdu la notion ? Qu’il soit lundi ou samedi, qu’importe! Les journées se suivent et se ressemblent. Rien ne fonctionne. Personne ne sort. Le calme plat sinon les tirs nourris dans certaines zones. Rien ne change sinon la liste de nos morts qui ne cesse d’augmenter.
Ici, nos fils et filles, frères et soeurs, amis(es) continuent de tomber mais cela ne compte pas. Ils ne sont pas les premiers et au rythme où l’on va, ils ne seront pas les derniers.
Ici, l’école est presque bannie du vocabulaire. La paix devient une notion creuse. La sécurité demeure un voeu pieux. Ici, une terre où vivre relève chaque jour de l’exploit.
Ici, c’est Haïti, ce pays où on pense avoir toujours le temps. Cette nation où l’on vit hors du temps en remémorant nos grandeurs passées sans nous rendre compte que notre présent nous échappe et notre futur se transforme en un funeste dessin.
Ici, les jours passent mais ne sont pas comptés. Pour la peine, le président a parlé. Ceux qui avaient bon espoir de sortir peuvent dorénavant retourner à leur léthargie.
Vanessa Dalzon