J’ai bu et porté ta semence 

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 14 février 2020 à 15h07

Toi et moi faisions penser aux ondulations. C’était toi, moi et les vagues. Le sillage de notre amour ne laissait d’ouverture que pour un souffle ; c’était toi, moi et le vent. Aussi, entre nous ne se faufilait que l’extraordinaire ; toi, moi et le coucher de soleil. La nuit, nos corps se cherchaient et s’aimaient en éclair au point de rivaliser au plus grand astre de la nuit ; toi, moi et la lune. Devant ce foisonnement et cette litanie et l’ordre de nos conjugaisons, les astres mêmes nous saluaient. C’était toi, moi et les étoiles.

C’est à ce moment que le temps s’arrête où l’on sent qu’on est seul au monde et qu’on en est maître. Ce pouvoir si rare et unique qu’il n’est accordé qu’à deux êtres qui s’aiment : celui d’immortaliser le temps. Ce moment où rien ni personne n’est important à part nous deux. Humm… des choses que l’on voit uniquement dans les films dit-on ! Pourtant, il a existé des après-midis cinématiques dans lesquels on est à la fois acteurs et réalisateurs. Danser sur le sable, sur quelle musique ? La mélodie de la mer ou celle de nos cœurs ?

Oui… c’était des va-et-vient. Toi, moi et les vagues. C’était ton souffle sur ma nuque. Toi, moi et le vent. C’était aussi mon sourire qui disparaissait devant le feu du désir. Toi, moi et le coucher de soleil. C’était nos corps qui se fondaient en un jardin de lumière. Toi, moi et la lune. C’était nos extases aussi nombreuses que le sable des plages. Toi, moi et les étoiles. Enfin, nous étions bercés par nos souffles et gémissements. Toi, moi et notre musique.

Sentir le sable filer sous nos pieds, est-ce l’effet du vin, de notre sang qui file trop vite dans nos veines ou  de l’énivrement dû à nos interminables baisers ?

Se laisser emporter par le mouvement des vagues jusqu’à ne plus s’apercevoir de cette pluie qui menace de nous chasser de là. Qu’elle nous fasse partir si elle peut ! Nous enlacer et nous aimer sur le sable. Entre l’eau de mer et celle de la pluie, ne sachant plus laquelle boire, nous nous contentons de nos salives.

C’était la rage. Toi, moi et les vagues.

Nous avions appris à apprivoiser la tempête. Nous étions tempête. Toi, moi et le vent. Nous nous regardions plus sous nos égoïstes assauts. Toi, moi et le coucher de soleil. Nous avions ensemble affronté cette lumière aveuglante. Toi, moi et la lune. C’était ce regain d’énergie pour une énième découverte. Toi, moi et les étoiles. Nous avions écouté le silence. Toi, moi et notre musique. Tu as goûté dans mon antre. Toi, moi et la pluie.

S’aimer sans se soucier du reste du monde. Plonger dans la mer devenue notre monde, notre univers. Nous sommes fous, diront-ils. Ces derniers ignorent la fierté de vivre de folies. Vivre en toute sincérité hors de leurs normes hypocrites.

C’est le calme précédent un nouvel assaut. Toi, moi et les vagues. C’est le souffle de deux guerriers tendant leur cœur vaillant à l’amour. Toi, moi et le vent. Ce sont deux mains se cherchant pour ne plus se délier. Toi, moi et le coucher de soleil. Ce sont nos sourires défiant les rayons de la nuit. Toi, moi et la lune. C’est mon enième coup de rein t’arrachant un cri rauque. Toi, moi et les étoiles. C’est le bruit de tes tremblements. Toi, moi et notre musique. C’est moi goûtant et portant ta semence. Toi, moi et la pluie. Finalement, c’est toi t’étonnant devant une femme capable d’aimer comme moi : Toi, moi et notre folie.

Justine Isaac

 

À propos Justine ISAAC

Étudiante en sciences juridiques à l'Université Quisqueya. Je suis une Cayenne passionnée de l'écriture et de la lecture.
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