Pas de carnaval national. Et alors ?

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 6 mars 2019 à 14h17

Bien avant les jours « lock », beaucoup de voix s’étaient élevées pour demander l’annulation du carnaval cette année. « Nou p ap danse sou kadav », « Ban nou lopital pito », sont autant de slogans que scandaient ceux qui s’opposaient à la tenue du carnaval 2019. Moins d’une semaine avant les dates prévues pour les festivités, le Ministère de la Culture a annoncé l’annulation du carnaval national qui devait se tenir dans la Cité de l’Indépendance.

Le Carnaval national qui aurait dû se tenir dans la Cité de l’Indépendance est donc annulé. Victoire pour toutes les couches de la société qui estimaient que les fonds alloués au Carnaval en général seraient bien plus utiles ailleurs ? Non, pas tout à fait. Les déclarations du Ministre étaient nuancées. S’il n’y aura pas de « Grand carnaval », de petites activités carnavalesques peuvent être lancées dans toutes les communes de la ville, selon le désir des mairies. L’Etat leur donnera son support. Bien avant cette annonce, le carnaval de Jacmel avait eu lieu avec succès, bien sûr aux frais de l’Etat. Mais pour Jacmel, il y a de quoi justifier. Chez eux, ce genre de manifestations culturelles attire les touristes, même si l’on se demande par quel moyen ces derniers rentreraient vu que la plupart des vols vers Haïti ont été annulés durant ces dernières semaines… Enfin, peu importe, tous les arguments sont bons quand il s’agit de défendre la culture au détriment du respect de nos droits les plus élémentaires et leurs devoirs de dirigeants comme le fait de doter le pays d’écoles ou d’hôpitaux effectifs.

L’Etat a donc ouvert la voie. Les municipalités ont le feu vert. Et de fait, certains maires ne se le font pas dire deux fois. Plusieurs communes soumettent assez tôt leur devis. Ici, le Cap réclame dix (10) millions. Là-bas, les Cayes mettent l’ancien président à l’affiche. Pour Gonaïves qui aurait dû être hôte des festivités, on ne réclame que quatre millions. Quelle farce ! Mais bon, nous avons des raisons de nous réjouir, le lundi « gras » reste et demeure une demi-journée de travail comme lors des moments de festivités et le mardi gras est férié. On aura le temps de rattraper les jours perdus. Au mieux, on ne les rattrapera pas du tout. Aux examens officiels, les plus justes seront sauvés et on va se plaindre de la majorité qui n’aura pas été rescapée en oubliant comment les programmes scolaires ont été rabâchés.

Et encore, les fonds déjà décaissés serviront pour la cause à laquelle ils ont été destinés. Un bon point, non ?? Mais bon, on a voulu que le carnaval soit annulé, il l’est. Tout devrait s’arrêter là ? Mais qu’avons-nous tiré de cette annulation ? Combien d’hôpitaux seront construits avec ces fonds ? L’électricité sera-t-elle rétablie en usant de cet argent? Qu’est-ce qui sortira de bon de cette « soi-disant » annulation ? Après on nous dira simplement:  » Nou pale m tande, nou di m pa fè kanaval, m pa fè ». N’est-ce pas ? Tout est bien qui finit bien!!! Viktwa sou pèp la !!!

Vanessa Dalzon

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
x

Check Also

Balistrad : cinq années sous le signe de la résilience

Un groupe de jeunes, d’étudiants de divers horizons emmenés par ...

Share via
Copy link