L’Église Catholique et les inégalités en Haïti

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 3 octobre 2018 à 16h46

L’inégalité, ce défaut social retrouvé au sein de toutes les couches de notre société, dans  les institutions publiques ou privées, prend place même dans les enceintes de nos églises. Là où la morale devrait être la règle du jeu, ces pratiques foisonnent. Et cela va crescendo.

Si les sermons des prêtres catholiques sont truffés de mots comme « égalité » par exemple, rassurez-vous, c’est tout à fait le contraire dans la pratique. Et les fêtes patronales sont la plus haute expression de cette inégalité.

On va se baser sur deux (2) faits qui explicitent, lors de ces fêtes, cette pratique dégradante visant à honorer une catégorie, à savoir les dignitaires, aux dépens d’une autre qui est les simples fidèles.

Quand il n’y a plus de places dans l’assistance, le simple fidèle, qui généralement la veille est venu donner sa force de travail pour la réalisation de la fête, se voit obligé de rester debout jusqu’à la fin. Pourtant, celles-ci sont réservées aux officiels qui seront indubitablement en retard, et même parfois absents, car de toute façon ils ne seraient là que pour la frime. C’est le premier fait.

A l’église, il ne devrait pas y avoir une affaire de place ou de classe, si l’on veut suivre strictement les paroles de Dieu. Cet agissement nous renvoie justement aux époques coloniales, où la différence de classe faisait la pluie et le beau temps, où les blancs logeaient aux premiers rangs des églises. Conscient de la réalité, Kermens Semervil, un enfant de cœur de la Paroisse Notre Dame du Mont Carmel de Carrefour, déclare que l’église catholique, dans son traditionalisme, reproduit sous une autre forme le fonctionnement de ladite époque.

L’autre fait accusateur, c’est quand le prêtre se tient debout du haut de sa chaire, avec en main un bout de papier signé des noms des officiels présents et absents, les remercie d’avoir participé économiquement, alors que les simples fidèles qui participent presque chaque jour aux collectes sont totalement oubliés.

Toujours selon Semervil, cette action n’est autre qu’une façon de générer des plus-values en fonction de la taille de la main, l’important ce n’est pas la personne qui donne, mais plutôt le cœur. Et la différence entre ces deux catégories, c’est qu’en général le simple fidèle donne avec un cœur ouvert, d’ailleurs personne ne saura s’il a donné, tandis que le « dignitaire » donne le plus souvent dans le but d’augmenter son capital politique, sachant que son nom sera cité parmi ceux qui ont contribué.

Tant qu’on ne bannit pas ces genres de fonctionnement qui peuvent êtres considérés comme un détail, tant que nos institutions ne jouent pas correctement leurs rôles, le pays restera et demeurera dans son trou noir.

Permettez que je reprenne d’une autre manière cette phrase de Yves Déjean, en substituant  » LEKÒL  » à  » LEGLIZ  » !

YON LEGLIZ TÈT ANBA NAN YON PEYI TÈT ANBA !

 

Saint Jean HORACE

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