À ma future fille

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 27 juillet 2018 à 21h06

Ma très chère fille,

À l’époque où ma mère m’avait mise au monde, la société haïtienne était ravagée par tous les maux imaginables et même inimaginables. Assumant bien son rôle de société patriarcale, dès l’enfance on mettait tout en place pour faire croire à la petite fille qu’elle est fragile et délicate. On lui mettait entre les mains une poupée et d’autres jouets dans le même genre alors que les petits garçons ,eux, avaient droit aux super-héros, aux armes etc. On les disait qu’ils n’avaient pas le droit de pleurer, qu’ils devraient être forts, qu’ils devraient être des hommes. Pourtant, aux petites filles, on les disait :  » ma belle pleure, libère toi. Et n’oublie pas qu’un jour ton prince viendra et il te défendra. »

Ma chérie, j’ai dû me battre tant de fois pour me faire accepter. J’ai dû affronter des hommes qui voulaient me reléguer dans la cuisine et dans la chambre à coucher. D’autres me traitaient de lesbienne, me disaient que j’avais un pénis à la place du vagin, parce que je voulais prendre en main ma destiné. On s’est moqué de moi parce que je ne voulais pas devenir une princesse, mais une femme qui sait ce qu’elle veut et où elle veut aller. Une femme qui peut se protéger toute seule, sans l’aide d’un homme.  C’est  pourquoi j’ai choisi de faire des études en droit malgré les stéréotypes.

J’ai fait le choix de me battre, de dénoncer les injustices faites aux femmes dans cette société  pour que tu puisses vivre ta vie; afin que tu sois libre de choisir celle que tu veux devenir sans subir de discriminations et t’offrir un avenir meilleur. Ainsi tu choisiras de devenir femme au foyer, femme au bureau ou seulement une femme, sans être contrainte de devenir l’une d’elle!

Je te promets que le jour où tu viendras au monde, la société haïtienne sera une société égalitaire où homme et femme auront les mêmes chances de succès. Oui, elle sera une société où les femmes pourront obtenir des promotions sans le besoin de « jere » leurs patrons; où une femme pourra porter de mini jupes ou des jupes longues sans se voir traitée de pute cherchant à attirer l’attention des hommes.

Je te le jure ma belle que notre société sera meilleure pour tout le monde le jour où  je te donnerai  vie!

Avec amour,
Ta mère.

Schnaïdine NICOLAS

À propos Schnaïdine Nicolas

Je suis Schnaïdine Nicolas, étudiante en sciences juridiques à l'université Quisqueya. L'écriture me permet de m'exprimer. Elle me donne le courage de dire tout haut ce que je n'ose dire tout bas.
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