Ma terre, mon amour : dernier bijou du Foj’art pour 2018

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 14 janvier 2019 à 16h30

On est le 29 décembre 2018 dans l’après-midi, 5h10 plus précisément à Experience Night Club, l’ancien local d’Extreme à Pétion-ville. Un décor assez simple est planté. Un public, constitué en grande partie de jeunes, attend patiemment jusqu’à ce que le maître de cérémonie, le champignon pressé sur les « R », après avoir suffisamment charmé son public, annonce le spectacle de fin d’année du Forum des jeunes artistes (Foj’art) : « ma terre, mon amour »…

Les premiers pépins surviendront rapidement tels les problèmes liés au son qui marqueront d’ailleurs tout le spectacle. Selon l’un des responsables du comité directoire, les rares commanditaires à avoir été contactés ont boudé leurs appels ou sont restés injoignables après avoir promis d’aider. Ce n’est pas en tout cas ce qui empêchera au comité d’avancer avec les moyens du bord et de pondre – avec leurs ongles -, au sens le plus candide qui soit, ce bijou pour la fin de l’année 2018. Les cris stridents des chaises sur le sol provoqué par un public habitué aux gâteries du Foj’art laissait deviner un spectacle hors du commun. En effet, l’Experience Nigth Club n’était pas conçu pour ces genres de spectacle, les jeunes du Foj’art ont dû aménager une scène apparemment trop déclinée obligeant l’assistance du fond à se lever. Les premières peurs furent rapidement chassées quand le spectacle débuta. Le pari était malgré tout gagné…

Vous avez surement deviné ! Il s’agissait évidemment d’une histoire d’amour apparemment impossible…non…non… Ne voyez là qu’une bien piètre description ! Il a été de préférence question d’une histoire d’amour au scenario simple enjoué par la danse et la musique : deux femmes amoureuses d’un homme, lui, pris entre deux feux expliquant à sa fille son sillage, son choix…. Ces histoires, direz-vous, leurs fins sont connues bien avant qu’elles commencent. Cependant plus que la fin, les artistes du Foj’art avaient insisté sur le parcours. Vous le savez tous: les parcours diffèrent toujours ! Celui tracé par le Foj’art n’était, ni plus ni moins, marqué par la musique et la danse. Sous le regard attentif du public, les jeunes artistes dansaient, chantaient et défilaient sous un jeu de lumière peut-être pas parfait mais vivant. Le voyage dura plus de deux heures mais pris dans le jeu de l’alternance : du chant à la danse, de l’éclectique au terroir, il n’était pas évident de remarquer le temps passé. Les danseurs maîtrisaient l’assistance non pas à somme d’ondulation (pas uniquement en tout cas) mais parce qu’ils parlaient le même langage que le public, celui de la jeunesse. Entre chorégraphies inédites – ni vulgaires ni saines -, sourire constant des danseurs et chanteurs, les groupes J3 et Bel Melodi n’ont pas eu à trop forcer leur talent durant les intermèdes puisqu’ils pariaient sur un public déjà conquis.

À la fin du parcours, le public sous le charme aurait de peu crié : « Bis ! ». Les pépins liés au son ou à la disposition des chaises au niveau du Nigth Club n’ont tout simplement servi à rappeler qu’il n’existe peu de salles – voire qu’il n’existe tout simplement pas de salles – appropriées pour ces genres de spectacle. En ce qui a trait au Forum des jeunes artistes, ils ont été tout ce qui a de plus parfait. Du moins le spectacle, « ma terre, mon amour » aura été un Lionel Messi marquant cinq buts pour ne rater que quelques passes – des manquements vite éclipsés par le talent mais surtout le cœur de ces jeunes artistes -. Entre-temps, ceux qui ont raté ce bijou de l’année 2018 peuvent toujours se rattraper car le Foj’art regorge d’activités ! Quant à l’histoire ou au parcours dont il a été question ce 29 décembre, souvenez-vous tout simplement qu’il existe de ces choses qu’on ne raconte pas…on les vit tout simplement.

Il est à rappeler que le Forum des Jeunes Artistes (Foj’art) est une jeune association socioculturelle formée de quatre ateliers : chant, danse, mannequinat, dessin et ayant pour devise « Aiguisons nos talents pour écrire l’avenir de la culture haïtienne ». Ce 29 décembre a été l’occasion de contempler ces ateliers en action…

Alain Délisca

À propos Alain Délisca

Je suis Alain Délisca, un Haïtien. Le reste n'est qu'explorations et heurs.
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