Balistrad Actualités

Solidarité aux victimes du Petrochallenge

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 29 octobre 2018 à 14h10

Le 17 octobre dernier aurait connu la plus grande manifestation pacifique et nationale de l’histoire d’Haïti, résultat des incessantes mobilisations citoyennes. Des centaines de milliers d’Haïtiens – non sans une conscience aiguisée – ont foulé le macadam contre la corruption et l’impunité qui gangrènent la société . Deux morts et plusieurs dizaines de blessés viennent tout de même assombrir cette historique journée. Des personnes et des organismes n’hésitent pas de manifester leur solidarité.

Après le 24 août, le 2 septembre, c’est au tour du 17 octobre de marquer le sursaut haïtien. Cette date allonge la liste des manifestations effectuées globalement sans violence. En dépit de cela, les forces de l’ordre n’avaient  pas hésité à faire usage de leurs armes, cartouches et gaz lacrymogènes surtout. Irritation des voies lacrymales et/ou des voies respiratoires, plaies par balle ainsi que la mort constituaient le lot de peines des protestataires qui revendiquaient leur droit pacifiquement.

Remarquant qu’aucun discours n’a été fait  au sujet des victimes, Ericca Lagrandeur a tiré la sonnette d’alarme sur sa page Facebook  en interpellant ses compagnons et compagnes de lutte sur ce dossier par l’entremise de la phrase bienveillante « ON NE TOUCHE PAS À NOS CAMARADES » qui fut adoptée illico par d’autres internautes:

Cette phrase légèrement reformulée a été prononcée avec fracas par l’un des membres de La France Insoumise et député de Seine-Saint-Denis (département français situé au nord-est de Paris), Alexis Corbière, qui s’en prend d’un ton menaçant au policier qui se relève alors qu’il vient de plaquer au sol un membre de LFI lors de la perquisition   du Parti de Jean-Luc Mélenchon  » nous explique Ericca.

L’autoproclamée militante écologiste croit c’est un risque que court l’État s’il ne garantit pas leur protection dans les rues:

ON NE TOUCHE PAS À NOS CAMARADES, c’est pour dire que nous cesserons d’être citoyens pour nous autodéfendre si l’État cesse de nous protéger  » balance-t-elle.

L’agro-environnementaliste plaide pour une sacralisation des corps de ses pairs:

On ne doit pas continuer de multiplier des activités sans réaliser une action symbolique. Quiconque se lève contre ce système inégal est un  Moun  (humain) comme l’a dit Janil, son corps est donc sacré »

Une activité – un  bohoun plus précisément – baptisée PetroBohoun sera organisée sur la place Dessalines, au Champ de Mars, le 31 octobre 2018:

Cette activité se tiendra non seulement au nom des victimes de la lutte pour la tenue du procès Petrocaribe, mais aussi toutes les personnes tombées depuis le 17 octobre 1806 (date de l’assassinat de Dessalines, Père de la patrie. Ndlr), dans la lutte pour la matérialisation du projet de société de Jean Jacques Dessalines Le Grand, libète-byennèt pou tout moun  (liberté-bien-être pour tous, car le bien-être est inhérent à la liberté dans la vision dessalinienne. Ndlr). Compte tenu du fait que la dilapidation des fonds Petrocaribe s’inscrit dans la logique de l’assassinat de l’Empereur. » précise celle qui ne rate jamais une occasion pour défendre sa ville natale.

Ericca Lagrandeur n’est pas la seule à lever sa voix pour ses camarades, James Beltis a également manifesté son altruisme, dès sa première intervention le dimanche 21 octobre 2018 à l’émission   Intérêt  Public  présentée par Lilianne Pierre-Paul, en dénonçant les actes répressifs perpétrés sur ses semblables au cours de la dernière protestation. L’association  Ayiti Nou Vle A  a par ailleurs publié une vidéo sur sa page Facebook acommpagnée de ces propos :

En attendant que tout le monde vive dans la dignité dans l’Haïti que nous voulons, nous voulons nous assurer que les gens qui meurent en demandant où est passé l’argent du fonds Petrocaribe le font dans la dignité. Aidez-nous à trouver les noms de ceux et celles qui sont tombés. Aidez-nous à conter leur histoire. « 

Des personnes citées dans la dilapidation des milliards de dollars en passant par le nombre de projets non exécutés pour arriver à liste des victimes, l’affaire Petrocaribe ne cesse d’aligner les chiffres. Des activitistes qui ne veulent plus compter des victimes dans leur camp montent au créneau pour exiger le respect de la dignité et du droit des protestataires de manifester pacifiquement sans être réprimés. Solidarité aux camarades oblige !

À propos Woo-Jerry Mathurin

Woo-Jerry Mathurin est un mordu des sciences humaines. Il essaie de faire de l'être humain sa priorité, c'est pourquoi il accroche l'écriture à son arc parmi ses différentes cordes pouvant lui faire atteindre son cible.
x

Check Also

Travèse

« Travèse » ou la mise à nu de la vie à travers la mort

L’annonce a été faite sur Facebook. Sur son mur, Erickson ...