Salaire minimum

Salaire minimum en Haïti : là où le bât blesse

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 11 juin 2018 à 8h56

Il a fallu que Steven Benoît, véritable investigateur de la loi sur le salaire minimum, sonne le glas. Dès lors, les ouvriers de la sous-traitance doivent lutter pour une hausse substantielle de leur salaire journalier.

Les 21 et 22 mai dernier, les ouvriers du secteur de la sous-traitance ont manifesté dans la région métropolitaine. Des centaines d’ouvriers ont gagné les rues pour réclamer 1000 gourdes par jour. Aux dernières nouvelles, les syndicats des ouvriers haïtiens annoncent 4 nouvelles journées de manifestations allant du 11 au 14 juin 2018. Cette fois-ci, on dirait que rien ne compte les arrêter ou divertir. Jusqu’ici, les ouvriers s’insurgent contre les louvoiements de l’administration Moïse-Lafontant.

Précédemment, en réponse aux mouvements de grève et aux manifestations de rue des ouvriers du textile contre les 350 gourdes en vigueur comme salaire de base , M. Moïse avait prévenu en ces termes :

« Il ne faut pas que ce soit la rue, les émeutes et les destructions de biens d’autrui qui puissent forcer les secteurs concernés à prendre la décision qui s’impose ».

Le gouvernement et le patronat, toujours sur la défensive, pourront-ils mépriser la “doxa” ?

Souvent, certains membres du patronat voient ce mouvement revendicatif comme des manœuvres politiques. On accuse ces manifestants, qui en ont assez des comportements “moutonniers” , d’être payés pour prendre les rues. Chez nous, la maladie est associée aux démons, les revendications sociales ou salariales à la manipulation.

Salaire minimum

 

Salaire minimum : Qui a tort ou qui a raison ?

En marge de cette vague de manifestations concernant le salaire minimum, je me suis plongé dans l’argumentation de Jean Poincy. À travers son livre Refondre la chaîne de l’industrie textile en Ayiti, l’ex-candidat à la présidence a voulu mieux comprendre l’état critique du sous-développement de la nation haïtienne.

Il a pour ainsi dire analyser certains choix économiques faits par les leaders politiques en s’arrêtant sur le secteur textile. Le professeur d’Université a clairement élucider que l’économie locale est une économie de support pour les pays riches au détriment de la main-d’œuvre haïtienne. Cette dernière vend ses services à bon marché et n’a pas le droit de s’organiser en syndicat.

S’il n’a pas pu atteindre la magistrature suprême, sa vision républicaine de l’intégration des couches servira de proposition utile.

La fièvre industrielle des années 60, suscitée par le secteur d’assemblage, a été un point de départ pour les dirigeants haïtiens d’alors pour stimuler la croissance économique. Dans les années 80, près de 150 établissements industriels à Port-au-Prince sous-traitaient des produits presqu’exclusivement pour les États-Unis. Ces établissements embauchaient 35.000 personnes environ sur une main-d’œuvre de 45.000 personnes disponibles dans la capitale. Même après l’embargo, Haïti a raté le décollage de son économie.

Pourra-t-on faire pencher la balance de l’autre côté ?

Aujourd’hui encore, nos politiques s’accrochent fermement à l’espoir que le secteur textile est la seule porte de sortie du pays d’un tel marasme économique. Néanmoins, les profits soutirés des ressources physiques et humaines sont loin de garantir une prospérité capable d’assurer le bien-être collectif. On est encore loin du libre-échange. Les compagnies multinationales ont comme principale visée de réduire leurs coûts de production autant que possible en utilisant la main-d’œuvre abondante, peu qualifiée et neutralisée du pays.

Dans le contexte actuel, le mouvement syndical prend de l’allure en prévision de la nouvelle hausse du prix de l’essence. La docilité des ouvriers est alertée. Sans même penser à la rémunération sociale, ces employés de Factory – qui vivotent – miroitent une « évolution de salaires » en prévision à la proportionnelle hausse des prix des produits de première nécessité.

Certes, Haïti is open for business. Mais, l’État devra jouer son rôle de régulateur dans ce contexte fragile et précaire. Je suppose que le gouvernement actuel ait un programme de relance économique et de développement économique structurel. Existe-t-il une vision ou une collaboration entre l’État et les investisseurs ?…

 

Garens Jean-Louis

jgarens2@gmail.com

Twitter: @garensj

À propos Garens Jean-Louis

Je suis Garens JEAN-LOUIS, Haïtien. J’ai une formation de base en linguistique. Je suis un passionné des sciences humaines, de la photographie et des petits plaisirs de la vie. J'aime dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. L'écriture est ma façon d'affirmer mon existence et ma dissidence.
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