Travail des enfants, entre justifications et excuses

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Dernière mise à jour : 29 mai 2019 à 13h08

6ha.m. Les gens se pressent déjà vers la boutique du quartier. Des parents se procurent de quoi remplir les boîtes à lunch de leurs enfants, des détaillants ravitaillant pour leurs commerces, ces messieurs qui réclament de la cigarette; tout ce beau monde fait un vacarme incessant, voulant être servis. Rony essaie de les satisfaire mais ses mains frêles n’arrivent pas à la hauteur des tâches qui lui sont confiées. Il n’a que 9 ans mais il fait, en une journée, le travail que des gens ayant le triple de son âge n’arrive à accomplir. Cependant, il n’a pas le droit de fléchir. En témoigne ce soufflet qu’il reçut de sa tante ponctuée de ces mots : « Anyen w p ap regle depim maten! M ap fèw fè jounen an san manje wi ! » Il en va de soi que cette dernière a besoin de bras mais gratuitement.
Rony n’est qu’un échantillon parmi les milliers d’enfants haïtiens dans cette situation. Au-delà de la domesticité qu’ils subissent, bon nombre d’entre eux accomplissent les tâches de coursiers, de commerçants, pour le compte de leurs « familles d’accueil ». En effet, la raison pour laquelle les « familles d’accueil » reçoivent ces enfants chez elles est la même : un besoin cruel d’aide en tout genre. Certaines fois, l’aide se concrétise sous la forme du marchand qui tient la boutique ou la barque. Très tôt, ces enfants qui sont censés fréquenter les établissements scolaires se retrouvent catapultés dans la vie adulte en « travaillant » en contrepartie du toit et du plat chaud que leur accorde leur famille d’infortune.

Certains enfants n’échappent pas non plus à cette obligation au sein même de leurs familles biologiques. La pauvreté battant son plein dans quelques pays en développement, certains parents contraignent donc leurs enfants, généralement les aînés, à travailler de manière à les aider à subvenir aux besoins des plus jeunes. Travaux agricoles, tâches domestiques, commerces, rien ne leur est épargné. Difficile pour eux de dire non ou de regimber puisque la survie de la famille en dépend.

Le cas le plus triste de travail des enfants demeure la prostitution. Toujours pour des raisons économiques, certaines filles de moins de 18 ans se versent dans la prostitution. De petites filles ou adolescentes sont abusées par des adultes et assez souvent, au profit d’autres adultes qui, sans scrupules, amassent les gains après elles.

Ces situations se présentent malheureusement dans de nombreux pays à travers le monde. Un rapport de l’Organisation Internationale du Travail publié en 2016 faisait état de plus de 168 millions d’enfants à travers le monde qui travaillaient. Les pays en développement comme Haïti sont les plus touchés. Les conséquences sont aussi désastreuses autant pour ces enfants exploités que pour le pays dans lequel ils évoluent.

Maltraitance, violences physiques et sexuelles, taux élevé d’analphabétisme, problèmes sont autant de conséquences qu’entraîne le travail sur les enfants qui y sont soumis. L’économie de ces pays se trouve également touchée par ces situations puisque ces derniers ne peuvent aller à l’école et donc à l’avenir n’arrivent en aucun cas à contribuer au développement de leur pays.

Les prétextes seront toujours nombreux pour justifier les atrocités. Comme l’a dit Kailash Satyarthi cependant, « la pauvreté ne doit pas être utilisée comme excuse pour le travail des enfants et l’exploitation de ces derniers ». Nous pouvons offrir mieux à nos enfants. « Un homme n’est jamais si grand que s’il se met à genoux pour aider un enfant », a dit Pythagore.

Devenons donc grands en leur offrant le meilleur!

Vanessa Dalzon

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
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