Tout ce que vous devez savoir sur Séqu’elles [Interview]

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 23 juillet 2020 à 12h37

Lancée en janvier 2020, Séqu’elles, une plateforme qui se veut déconstruire les clichés essentiellement liés aux femmes (leur corps, leur sexualité), entend étendre la thérapie du PARLER POUR SE LIBÉRER partout dans le pays. Licenciée en Gestion des Affaires à l’École Nationale Supérieure de Technologie, Ludnear Diane Augustin est la fondatrice de cette structure qui compte donner la parole aux héroïnes ayant une histoire à raconter.

Balistrad : Vous êtes fondatrice de Séqu’elles, Dites-nous ce que c’est et précisez pour nous les objectifs de cette structure ?

Ludnear Diane Augustin : Séqu’Elles est une série de causeries mensuelles à travers lesquelles les invitées racontent leurs histoires inspirantes à une assistance diversifiée et constituée de plusieurs dizaines de personnes. Laquelle audience s’agrandit grâce à la diffusion, à travers les réseaux sociaux, des capsules de témoignages en vidéos et sous formes de citation. Dans un pays comme Haïti où la place de la majorité des femmes est encore dans la cuisine, celles qui réussissent professionnellement et qui se frayent une place dans la société constituent des cas isolés. Nous entendons apprendre aux plus jeunes, non plus à se résigner, mais à se battre pour contrecarrer leur destinée.

B : D’où vient l’idée de créer Séqu’elles ?

L.D.A : Séqu’ELLES a passé des années dans les tiroirs avant d’être finalement lancé en janvier 2020. Et l’idée a fécondé – je dirais – à partir d’une histoire personnelle qui n’a pas grande importance mais qui montre quand même qu’une femme peut-être humiliée uniquement pour ses règles (qu’elle n’a pas choisies). La simple idée est devenue un rêve quand j’ai réalisé que la société faisait la misère à un proche, une femme que j’aime beaucoup, parce qu’elle n’a pas encore d’enfants – étant mariée depuis quelques années. C’est comme si on voulait la restreindre à ses capacités reproductrices, ce qui est très injuste à mon avis.

Mais je ne l’ai jamais réalisé parce que- ceci est un prétexte- mes études ne me laissaient pas le temps. Jusqu’à ce que facebook me fasse découvrir une belle femme qui, ayant fait plusieurs fausses couches, se décide d’écrire un livre sur l’endométriose. Question d’inspirer d’autres femmes qui se trouveraient dans des situations similaires. Mais où diable a-t-elle trouvé ce courage ? Ça a été le véritable “ déclic “ et c’est là que j’ai compris que je devais me dépêcher pour donner rapidement la parole à de telles héroïnes.

B : Quelles sont les réalisations de Séqu’elles ?

L.D.A : Séqu’elles a déjà réalisé quatre causeries les 26 Janvier, 29 Février, le 19 Avril et le 30 Mai.

La première « Tomber enceinte prématurément pour finalement accoucher d’un bébé… mort-né. Comment avancer malgré les séquelles?” avec Marcna Andy Pierre. Séqu’elles se veut être un espace réservé aux femmes, néanmoins, la présence masculine brillait de mille feux. La causerie fut très animée et le feedback fut très positif.

La deuxième causerie réalisée à partir du thème: “ Femmes et amputées, quelle conjugaison possible dans le football haïtien » avec Nancy Garnier, Judette Jusme et Marie Sofonie Louis (respectivement joueuses et coach de la Sélection Nationale Féminine des Amputées).

En ce qui concerne la 3ème causerie, Il s’agissait d’une session live sur nos réseaux sociaux en raison de la crise sanitaire actuelle. C’était avec Stéphanie Douyon autour du thème « Trop ronde, trop mince?

La quatrième causerie était aussi une session live sur nos pages Facebook et Instagram. Elle tombait bien vu le thème car c’était la veille du jour où les mamans sont célébrées en Haïti. Durant cette quatrième causerie nos deux invitées Fodlyne André et Johanne Élima ont parlé de toutes les épreuves physiques et psychologiques qu’elles ont dû affronter durant et après leur grossesse. Une causerie qui a été réconfortante pour les futures mamans et les jeunes mamans qui connaissent la même situation car elles ont partagé avec le public comment elles ont fait pour surmonter toutes ces épreuves et devenir de jour en jour de meilleures mères possibles.

B : Quels sont vos projets d’avenir ?

L.D.A : Nous ne réaliserons pour l’instant que des causeries et nous sommes jusqu’ici limités à la zone Métropolitaine. Bien que notre audience virtuelle soit un peu plus variée, mais nous ne nous sommes pas encore dirigés vers les villes de province où des super héroïnes opèrent dans l’ombre. Ça nous tient vraiment à cœur d’étendre la thérapie du PARLER POUR SE LIBÉRER partout à travers le pays.

À plus long terme, nous espérons atteindre et inspirer des jeunes filles du monde entier (Une structure dont l’initiateur est burkinabé et dont la majeure partie de l’audience est africaine a déjà parlé de nous mais ce n’est pas encore ça). À ce moment, nous ne réaliserons probablement pas que des causeries mais souhaiterions offrir aussi des accompagnements psychologiques aux femmes brisées. Mais tout ça n’est pas pour bientôt, il nous reste encore des étapes à franchir avant d’en arriver là. C’est comme une utopie qui pourrait devenir réalité à force de persévérer.

Propos recueillis par Joubert Joseph

À propos Joubert Joseph

Joubert Joseph, né à Port-Margot le 29 avril 1997, passionné de poésie depuis son plus jeune âge, est poète et journaliste. Il a publié respectivement «15 poèmes pour un million d'étreintes» et «Léa ou La beauté en mille morceaux». Deux ouvrages qui ont été salués par la critique. Il a étudié le journalisme à l'Isnac et travaille actuellement comme reporter à Radio Kiskeya. Rédacteur à Balistrad, Joubert Joseph opte pour un «journalisme responsable.»
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