Manger sain en Haïti, un défi et un luxe

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Dernière mise à jour : 17 avril 2018 à 17h12

En Haïti, la situation alimentaire est avant tout caractérisée par la difficulté d’accès à la nourriture des gens de la masse. Pour beaucoup d’Haïtiens, en effet, une alimentation régulière reste aujourd’hui un luxe. Seuls les gens issus des couches plus ou moins aisées peuvent manger à leur faim.

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Coordination nationale de la sécurité alimentaire en Haïti (CNSA), en 2003 plus de 3 millions d’Haïtiens souffrent de la faim, dont 1,5 million étaient en situation d’insécurité alimentaire sévère.

Cependant, «Le droit à l’alimentation constitue l’un des droits fondamentaux de la personne, a relaté Me Néhémie Pierre, avocate au barreau de Miragoâne, c’est toujours le contraire chez nous». Tout en mentionnant qu’il y a pénurie de nourriture car la production alimentaire locale ne répond plus aux besoins de la plus grande partie de la population.

Nica Joseph, une marchande de boissons gazeuses à Carrefour, âgée 19 ans, a soufflé que sa mère est morte l’année dernière, et depuis, elle a laissé ses études classiques pour chercher des moyens afin d’aider ses petits frères et sœurs :

«J’ai tout essayé pour nourrir mes frères et sœurs, mais c’est toujours difficile, la faim est un problème très grave pour nous» a affirmé Nica.

Manque de moyens pour se nourrir, parfois les jeunes filles sont obligées d’exposer leurs corps pour le plaisir des hommes. «Mwen se yon wont pou fanmi m paske m’ te rive konn al kanpe anba poto lèswa konsa pou m’ rive jwenn yon ti kòb pou nou goute yon ti bagay lajounen» a ajouté la jeune Nica avec des larmes aux yeux.

«Nous avons voté Monsieur Jovenel Moïse pour nous aider. Cependant, il fait comme les présidents précédents, a soufflé Evens Jean Rémy, olye nou jwenn bannann se po a nou jwenn».

Âgé de 27 ans, Evens précise que les bouleversements politiques et sociaux ont aussi rendu les populations plus vulnérables au jour le jour. Le pouvoir d’achat de l’Haïtien a considérablement diminué.

En plus des difficultés d’accès à la nourriture, la situation alimentaire haïtienne se caractérise aussi par un déficit qualitatif. Beaucoup de gens ne sont pas informés de l’importance d’une alimentation saine et équilibrée.

Dans une enquête menée par la Plate-forme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (POHDH), la majorité des produits de consommation tels le maïs, le riz, l’haricot, le sucre, les légumes, le fromage, les fruits, la viande de bœuf ou de chèvre, le poisson, le lait, ne sont pas accessibles aux petites bourses en raison de leur coût élevé sur le marché.

Pour Junior Jean, étudiant finissant en Sciences de l’éducation, beaucoup de gens sont obligés de manger pour lutter contre la faim, pas pour se nourrir.

« Dans la matinée, ces gens-là prennent du pâté dans les rues, a déclaré Junior, men lwil sa konn gen 4 jou depi l’ap itilize l nan fè pate, sa se yon gran pwoblèm, men yo oblije koz konn pa gen kòb».

Le docteur Grégory, interniste, a confirmé que la mauvaise utilisation de graisse est à l’origine des maladies cardio-vasculaires.

« Ça peut entraîner la mort par arrêt cardiaque, souvent assimilée chez nous, faute de connaissance, à un décès provoqué par des causes surnaturelles.»

Pour venir à bout des problèmes de la pauvreté et de sous-alimentation, de nombreux bailleurs de fonds ont fourni une assistance humanitaire au moyen de l’aide alimentaire. Paradoxalement, selon Banet Jean, licencié en Sciences économiques, l’aide alimentaire est parfois dénoncée comme un aspect de l’arme alimentaire. L’aide alimentaire consiste à fournir des livraisons à titre gratuit ou à des conditions particulières de paiement (prix et devises) aux pays déficitaires.

L’État a beaucoup de travail à faire au niveau de l’alimentation des populations pour que tout être humain ait une vie saine et active.

À propos Snayder Pierre Louis

Né en novembre 1994, en Haïti. En 2015, Snayder Pierre Louis a fait son entrée dans le monde littéraire avec la publication d'un recueil de poème en créole haïtien, titré : "Kadans Kè". L'année suivante a marqué la publication de son second ouvrage, "Que les mots se souviennent", signé par les éditions de l'art (son projet d'édition). "Le mur blanc de ton nombril", son dernier ouvrage en date, est officiellement publié en mai 2017, chez GNK édition, à Abidjan, Côte D'Ivoire.
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