Paru le 1er avril dernier en France aux Éditions Z4, le poème-fleuve «Léa ou la beauté en mille morceaux» du poète-journaliste Joubert Joseph est préfacé par l’écrivain Raynaldo Pierre Louis qui considère le poète comme «un éventuel fils héritier du patrimoine érotique de René Dépestre ou de Georges Castéra».
Pour paraphraser Marcel Proust, la vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature. Le poète, à travers cette œuvre, n’échappe pas à cette règle. Il le prouve timidement à travers ces vers bien pétris. À chaque parcelle de ce texte, on ressent les émotions, les souvenirs qui ont laissé le goût de dire, de dire surtout haut et fort les chants de son cœur.
Derrière chaque phrase
Il y a toujours un point
Une virgule
Qui se blesseLéa
Il fait un temps de parolesParlons
Pour que toutes les retailles
D’amours cassées
Viennent s’assembler
Dans le creux de nos mains
À la quête d’un amour aussi palpable que les icônes suscitant son érotisme, le natif de Port-Margot a trouvé de l’aisance pour bien frotter ses vers jusqu’à les faire jeter des regards dans les coulisses du désir. Il a pris en otage toute une pluralité de sensations qui contournent ses environs immédiats pour inventer l’univers tant souhaité.
Si la vie était
Une bribe de ton souffle
La nuit porterait
Les rêves de la lune
En éclats de lumièreÔ fine fleur
Femme au regard subversif
Couleur d’ébène
Beauté en mille morceaux
Ce texte démontre toute la capacité que l’auteur possède en ce qui concerne l’art de bien faire jaillir l’émotion qu’il y a dans l’interconnexion des mots. Cette œuvre montre que Joubert n’a rien à envier aux autres poètes érotiques. Ses questionnements sur l’importance de l’être qui cajole ses folies nous mènent directement en présence d’un poète qui essaie à tout prix d’immortaliser tous les caprices du temps.
Cet amour qui m’habite
N’a pas de forme
Je peux t’aimer n’importe où
Sans permission
Ni instruments de géométrieDis-moi
Comment atteindre les étoiles
Sans passer
Par la cadence de ton corps
Si aujourd’hui, beaucoup de jeunes se disent poètes, Joubert lui, laisse son œuvre en faire le témoignage. Comme il prend toujours le soin de manier sa guitare et chanter des morceaux captivants dans différentes activités culturelles, soit à Port-au-Prince ou dans des villes de provinces. Le passionné des lettres et de la musique se confirme parmi les poètes contemporains que ce soit dans la forme ou dans le fond de ses textes. Joubert est un poète dont on ne peut plus contester le talent.
Il semblerait que l’auteur garde un rapport de proximité avec les chiffres en choisissant le titre de ses livres. Rappelons que Joubert a déjà publié en décembre 2016, chez À toi Éditions, son premier recueil de poèmes intitulé «15 poèmes pour un millions d’étreintes» et aujourd’hui il nous livre «Léa ou la beauté en mille morceaux», un poème de mille fantasmes et de mille couleurs.
Billy Doré