Les séries au centre de la consommation télévisuelle en Haïti

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 5 mai 2019 à 13h45

Une bonne partie des jeunes actuellement s’adonnent à des séries. À la question « quel est ton passe-temps préféré ? », hormis chatter, écouter de la musique, regarder des séries est devenu une donnée importante quasi présente. Elle devient même sujet de longues conversations de nos jours.

Retour sur l’historique des séries en Haïti

Les chaines de télévision ont pris leur temps pour s’implanter dans nos mœurs. La précarité économique ne permettait pas à toutes les familles de s’adjuger un poste de TV. Comme distraction elles ont commencé à diffuser des séries-comédies. Languichatte et Papa Pyè ont fait succès sur les petits écrans de nos parents à peine en couleur. Puis la consommation locale s’est tournée vers l’extérieur, l’un des bienfaits de la mondialisation.

Au début, la diffusion référentielle fut MacGyver, cet américain bon à tout, le roi du bricolage qui s’en sortait toujours. Puis l’audience pour les séries américaines a baissé car nous nous sommes plutôt identifiés dans les films de kung-fu ou de karaté. Nos parents se gavaient de films dont le son le plus répétitif est sans nul doute ‘’gish’’. C’était la débandade sur la TNH le vendredi soir à ce qu’il paraît. À la suite des films asiatiques, le consommateur haïtien s’est orienté vers un produit plus proche de son territoire, quelque chose de commun : l’amour. Qui d’autres pour nous l’offrir que des couples latino-américains?

Au début des années 2000, les consommateurs locaux se retrouvaient chaque après-midi devant leur poste de télé pour regarder des telenovelas – ces longs séries romantiques à rallonge dont le thème principal est TOUJOURS un amour impossible entre deux personnes que tout oppose au début de leur relation. On en a eu en moins de dix ans : Rosalinda, Marina, Rubi, Luna, Au cœur du péché, Barbarita, Diablo ect…

Apres le séisme, le consommateur haïtien a eu assez des telenovelas. Non seulement il en est arrivé à son niveau de satiété comme dirait un économiste mais du fait des réseaux sociaux. L’homme est de nature curieux, il devait connaître ce qui fait ce hype sur les pages Facebook (Instagram, Twitter et Whatsapp n’existaient pas encore) pour en parler avec ses amis. Il est toujours mieux d’être à jour quand il s’agit de culture. C’est à ce moment que nos stations de TV sont revenues vers les séries américaines. Il faudra aussi admettre que certaines en diffusaient quelques-unes par moment. D’un coup on retrouva près de dix chaines à diffuser des séries et ceci pour tous les goûts : les mélomanes (Empire), fans d’enquête (CSI, FBI portés disparus, NCIS et Quantico), les scientifiques (Bing bang theory), les médecins (Docteur House, Grey Anatomy), les malades de super-héros (Daredevil, Flash, Shield) et même ceux qui adorent les potins trouvent leur compte (Scandal, Devious Maids). Ce qui permet à chacun de s’identifier à un personnage.

Pour visionner ces épisodes, nous nous voyons déployer des moyens importants vu la conjoncture actuelle : ceux qui les téléchargent et les regardent sur smartphones, ceux qui utilisent leurs ordinateurs car avec le ratio de services fournis par l’EDH on peut pas trop compter sur l’électricité de ville. D’autres polyglottes préfèrent regarder en direct sur des sites web et bien les exceptions qui disposent de câbles pour les visionner en temps réels.

Un simple constant monterait que la majorité des étudiants regardent au moins une série. Si cette donnée valait autrefois pour les telenovelas, désormais il faut accepter que ces séries à rallonge ont perdu la manche; ce n’est certainement pas les séries-comédie indiennes ou turques qu’on diffuse depuis un moment qui ramèneront l’audience chez deux stations locales. Clairement mauvais choix de programmation !

La dernière série qui chamboule les quotidiens ou encore les dimanches soirs de nos compatriotes est Game of Thrones. Ce n’est pourtant pas la première saison mais la dernière ! Cette production de HBO soulève tellement d’engouement que certains consommateurs ostentatoires ont payé des sommes en dollars malgré la parité dollar-gourde étouffante (1 dollar=85 gourdes) pour regarder le premier épisode de la saison 8. Il suffit de se lever un lundi et de voir le nombre de statuts whatsapp qui sont dédiés à cette série. Les raisons pour lesquelles cette série cartonne en Haïti seront décortiquées dans mon prochain article. D’ici-là ne vous faites pas attraper par les marcheurs blancs !!

Rodney Zulmé

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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