Le centre psychiatrique Mars et Kline, entre abandon et déshumanisation

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 20 juillet 2019 à 10h23

Affreux, dévasté ou délabré tels sont les adjectifs qui pourraient qualifier l’état de l’un des rares centres hospitaliers du pays à s’occuper de la santé mentale des personnes souffrant des troubles psychiques tels que la schizophrénie, les troubles de la personnalité, la toxicomanie, etc. En Haïti, les soins de santé de bonne qualité se font de plus en plus rares pour une population de patients avec des troubles mentaux en nette augmentation et méritant mieux que les services reçus dudit centre.

À quelques centaines de mètres du palais national et de la faculté de médecine, le centre psychiatrique Mars et Kline situé entre les rues Monseigneur Guilloux et Oswald Durand est logé dans un bâtiment où même les animaux ne devraient vivre. Entre une salle des archives désordonnée et un laboratoire vieux de plusieurs décades, on ne saurait dire vraiment s’il s’agit d’un centre psychiatrique. Entre des résidents debout et des employés observateurs, personne ne sait qui fait quoi exactement. Le spectacle n’est pas moins déplaisant : empilement de sable en pleine cour, des déchets formant des monticules à chaque mètre, des visiteurs entassés ça et là dans ce qui pourrait être considéré comme le parloir de l’hôpital. Rien n’attire dans ce milieu ! Pourtant les gens continuent à faire comme si tout marchait merveilleusement bien.

En ce qui a trait aux patients en interne, la situation est davantage catastrophique. Les conditions infrahumaines dans lesquelles vivotent ces derniers laissent à désirer. Aucune différence ne se fait entre la cuisine où l’on prépare à manger, la cafétéria et les toilettes tant que l’odeur nauséabonde tend à couper le souffle. Tout le bâtiment exhale un abominable relent qui empuante tout objet et toute personne aux alentours. Pas même une salle de récréation alors qu’on soigne des personnes malades mentalement ! Pas même un terrain de jeu alors qu’on sait qu’à tout moment, ils aimeraient se défouler un peu ! Les patients dorment à même le sol sans la moindre couverture épaisse ! Donc pas de lits…

Leur principal traitement consiste en l’administration des médicaments à effet antidépresseur et relaxant pour prévenir les crises psychotiques et la sismothérapie quant aux patients montrant une certaine résistance aux médicaments. Est-ce suffisant ? L’accompagnement de psychologue, de travailleur social, de psychiatre et d’ergothérapeute dans la prise en charge de ces clients est plus officieux que visible tandis que toute l’équipe multidisciplinaire devrait militer pour un objectif commun : la réhabilitation et l’intégration sociale de ces personnes vivant avec ces conditions.

Rien d’étonnant quant à l’état des choses dans ce centre au regard du fonctionnement du pays et l’État que nous avons. Quelle honte ! Comment répondre aux besoins de ladite institution en considérant que moins de 5% du budget annuel de l’État haïtien est consacré à la santé ?

Chers compatriotes, vous êtes donc prévenus ! Ne faites pas l’erreur de tomber malades. Vous risquez d’y rester. Les vrais toxicomanes et schizophrènes sont au pouvoir…

Mouche leta, hum…

Wood Guerlin TELLUS

À propos Wood Guerlin Tellus

Wood Guerlin TELLUS, Ergothérapeute clinicien diplomé de la Faculté des Sciences de Réhabilitation de Léogane de l'Université Épiscopale d'Haïti. Fondateur de Ticket Santé. Rédacteur en chef à Le Consultant. " Heureux celui qui lit car le royaume des mots est à lui ".
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