La justice restera-t-elle encore muette ?

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 23 juin 2019 à 20h12

Qui ne se souvient pas de la période dictatoriale où la liberté d’expression était un luxe ? Qui ne se souvient pas de ces moments où nos citoyens se faisaient torturer et tuer sans pouvoir parler, crier, commenter, critiquer ou même pire dénoncer?

Combien de fois nos droits ont-ils été violés? Combien de fois notre liberté a-t-elle été bafouée ? Combien serez-vous à avouer avoir été réduits à néant à chaque fois qu’il vous fallait défendre vos droits en tant que citoyens et dénoncer les bavures que vous subissiez?

Si on vous demande quand est-ce que vous avez fait connaissance avec le concept « liberté d’expression »? Vous serez sans aucun doute plus d’un à reconnaître que c’est la Constitution de 1987 qui vous a fait don de ces mots qui ont été longtemps ignorés! Ils étaient quasi-inexistants dans le vocabulaire haïtien. De peur de léser nos majestés, beaucoup de nos ancêtres ont dû emporter leurs critiques et reproches dans leurs tombes.

Liberté d’expression, ce concept qui a coûté la vie à bon nombre d’Haïtiens. Ce concept qui a été l’étincelle de bon nombre de compatriotes dans leur combat contre un système dictatorial. Un système dans lequel beaucoup de nos compatriotes ont laissé leur peau en laissant un bon nombre d’orphelins et privant tant de citoyens de leur patrie. La liberté d’expression, garantie à l’article 28 de la Constitution haïtienne, nous a permis de vivre 32 ans démocratiquement. C’est encore elle qui fait couler des larmes à chaque fois que l’une de ses étincelles prend involontairement sa retraite. Tel est le cas de Pétion Rospide, ce dernier est parti comme bien d’autres trop tôt.

Jusqu’à quand la justice va-t-elle encore rester muette ?

Qui ne se souvient pas de Gasner Raymond, Jacques Roche, Jean Léopold Dominique, François Latour, Vladjimir Legagneur, Brignole Lindor ? Ces hommes qui ont consacré leur vie à lutter pour une liberté qu’ils croyaient être plus importante que toute chose, la liberté d’expression! Cependant, ils ont tous été obligés de déposer leur seule arme qui était leur micro/leur calepin alors qu’ils défendaient à leur façon la liberté de ce peuple. Apparemment, la chasse à la libre expression est toujours de mise et les chasseurs se promènent librement dans la nature. Tout cela parce que les yeux de la justice à la fois bandés et fermés.

Dès lors, on se demande jusqu’à quand l’article 28 de la constitution va-t-il avoir un vrai sens ? Enfin, quand vont-elles vraiment aboutir les enquêtes qui se poursuivent ?

Vous aviez été combien à marcher ce dimanche 16 juin 2019 pour demander justice pour Pétion Rospide? Vous étiez combien à attendre pour Legagneur ? Combien attendent encore naïvement pour Jean Dominique? Ces derniers ne faisaient que leur travail de journaliste! Le nom de Pétion risque d’être cité tous les ans qui marqueront la date de sa disparition. Alors vous étiez combien à marcher non pas pour un dernier hommage à Pétion, mais pour la redéfinition de la « liberté d’expression » en Haïti ou pour la justice tout simplement ?

Michelle Archille

À propos Dougenie Michelle Archille

Je suis Michelle Archille, je suis née à Port-au-Prince en 1997. Étudiante en Droit et Journaliste de formation, je me sers des mots pour dénoncer les maux du pays.
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