Kòman nou ye? N ap boule

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Dernière mise à jour : 15 février 2019 à 17h39

C’est courant en Haïti de répondre « N ap boule » lorsqu’un ami nous demande des nouvelles. Cela peut signifier plein de choses. Par exemple, que cela pourrait aller mieux mais qu’on tient le coup ou encore pour éviter de donner plus d’explications sur son mal-être.

Il y a quelque temps cependant chez nous que cette fameuse expression trouve tout un autre sens. Plus qu’une simple réponse coutumière, on en fait presqu’un crédo.

Sur le plan matériel, on met le feu aux marchés, dans les voitures, dans des pneus… Pire encore, cela fait trop longtemps que l’on met le feu dans l’espoir de ce faible reste parmi les jeunes qui pensaient qu’il était encore possible de vivre chez eux.

Depuis un bout de temps, on mettait le feu au courage de ces hommes et femmes qui n’attendaient rien du gouvernement et des ONG mais qui, tous les jours, gagnaient les rues en vue de trouver de quoi nourrir leurs progénitures.

On mettait le feu aux rêves de ces adolescents, jeunes et enfants qui voulaient poursuivre leurs études, au projet de ces commerçants qui se sont battus pour mettre leur petite entreprise sur pied à la force du poignet. On mettait le feu à l’espoir, à la vie, à l’espérance de croire que tout pourrait aller pour le mieux.

Et nul pompier – qu’il soit d’un camp ou dans l’autre, opposition ou gouvernement – ne levait le petit doigt ou ne criait cessez-le feu. Ils jouaient plutôt au jeu de la résistance, à qui se lasserait en premier alors que le reste du peuple était livré à lui-même au milieu des cendres.

On se révoltait l’un contre l’autre. « La classe moyenne » accusant « mas pèp la » de sauvage, et inversement « mas pèp la » la traitant de lâche. Les vieilles querelles prenant le dessus, on oublie de se mettre ensemble pour combattre les véritables problèmes. C’est plus facile de se battre l’un contre l’autre que de voir véritablement ce qui pose problème. En attendant, pas la peine de nous demander « kòman nou ye ». La réponse est simple: « N ap boule ».

Vanessa Dalzon

À propos Vanessa Dalzon

Vanessa Dalzon est Rédactrice en chef à Balistrad, diplômée en Droit à l'Université Quisqueya (UniQ). Elle est l'auteure du roman « Opération-Rupture », chronique publiée dans Balistrad pendant 22 semaines. Vanessa Dalzon partage son temps en dehors du bureau entre l’écriture, la lecture, le chant et les séries télé.
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