De l’inégalité des genres dans le foot

Temps de lecture : 2 minutes

Dernière mise à jour : 10 juin 2019 à 21h17

Anténor Firmin a écrit ‘’De l’égalité des races humaines’’, un chef-d’œuvre anthropologique pour critiquer la discrimination existant entre les races. Cent trente-quatre ans plus tard, la lutte des races fait encore des victimes même sur le sol de l’Oncle Sam (cf : Archétype du héros américain : Clint Eastwood vs Spike Lee ).

Cet été, un évènement majeur dans le monde du sport se déroule sur les pelouses des stades français. Il s’agit de la Coupe du Monde féminine. À l’heure où les combats féministes font rage dans le monde du divertissement et des affaires, la FIFA essaie de tuer dans l’œuf une mini-crise.

Si on demande à un Haïtien quelle est la meilleure joueuse de football qu’il connaît, il répondra sûrement Marta. La Brésilienne au #10 super habile balle au pied, cinq fois Ballon d’or mais elle ne fût pas la première à remporter le Ballon d’or. Ce fut une Norvégienne, Ada Hegerberg pour être précis. Cette dernière ne sera pas présente pour ce mondial.

Depuis environ deux ans, elle boycotte la sélection norvégienne avec laquelle elle a remporté la coupe du monde. Elle proteste contre l’inégalité de traitement entre les footballeurs et les footballeuses. En 2017, malgré l’alignement des salaires sur ceux des hommes par la fédération, elle n’est pas revenue sur les bancs de touche de la sélection.

Ce n’est pas la première fois que les joueuses revendiquent. Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale pour les droits de la femme, 28 joueuses de la sélection nationale américaine ont attaqué la fédération pour discrimination liée au genre. Les jeunes femmes touchent près de 40% de moins que les hommes, alors qu’on le sait tous, aux États-Unis, le football féminin est très populaire, beaucoup plus que le football masculin et davantage médiatisé et reconnu. Ce qui est tout à fait juste, les Américaines ont remporté trois (3) Mondial alors que leurs homologues masculins n’ont jamais atteint une demi-finale de Coupe du monde. En 1999, ce fut 90,123 spectateurs qui ont assisté à la finale des Américaines contre les Chinoises au Rose Bowl, Pasadena.

Ce Mondial est donc aussi l’occasion, une fois de plus de pointer du doigt des inégalités encore bien présentes. L’un des facteurs importants qu’on montre dans les écoles de commerce: pour qu’un produit soit populaire, il faut qu’il soit médiatisé. Si le football masculin brasse plus d’argent c’est parce qu’il est médiatisé, aussi simple que ça. Les Coupes du Monde de football masculin sont diffusées devant plus de 10 millions de téléspectateurs en moyenne depuis 2006 alors que la Coupe du monde 2019 féminine est diffusée devant 4,8 millions.

Les droits TV génèrent beaucoup d’argent, (cf : la FIFA pour le jeu ou pour l’argent ?) et constituent donc les primes de matchs pour les vainqueurs. Si la France venait à remporter la Coupe du monde qui se déroule chez elle, la prime pour les joueuses sera de 40,000€. Alors que l’an dernier, Kylian Mbappé et ses partenaires ont obtenu une prime de 300,000€. Certaines femmes sont obligées d’avoir un boulot pour compléter les frais car leurs salaires de footballeuses ne leur permettent pas de s’offrir du luxe, pourtant un joueur lambda de n’importe quel club moyen peut s’offrir un bolide et vit de sa profession.
Certaines chaînes locales diffusent les rencontres du mondial et le constat est criant, les joueuses ont beaucoup de retard sur les homologues masculins, les enchaînements et la discipline tactique sont moyens. La solution ne viendra pas dans l’ajustement salarial, surtout pas. Les joueurs partis jouer pour des salaires mirobolants sont-ils devenus meilleurs ? Allez demander à Neymar, Yannick Carasco, Carlos Tevez, Paulinho etc… Il serait plus judicieux de débourser des fonds pour des infrastructures (stades & centres d’entrainement) et la formation des cadres du foot féminin car elles leur manquent cruellement et ceci même dans les pays développés comme la France. Ainsi, elles auront un niveau plus que moyen et pourraient commencent à rêver de salaire à sept chiffres.

Rodney Zulmé

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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