Comment cinq des pires pandémies de l’histoire se sont finalement terminées

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Dernière modification : 22 avril 2020 à 14 h 08

Tant que les civilisations ont fleuri, les maladies infectieuses ont fait de même. Un grand nombre de gens vivant à proximité les uns des autres et des animaux peuvent causer des problèmes surtout s’ils vivent avec un faible niveau sanitaire et de nutrition, fournissant de fertiles zones de reproduction de maladies. Et les nouvelles routes d’échanges à travers le monde propagent les nouvelles infections aussi loin que possible, créant les premières pandémies globales. Diverses pandémies ont ravagé le monde. Ici nous verrons comment cinq des pires pandémies mondiales ont pris fin.

1- Peste Justinienne – Plus personne ne doit mourir

Yersinia pestis, anciennement pasteurella pestis, était la bactérie responsable de la peste. Ici, on la voit au microscope à balayage.

Elle a été causée par une simple bactérie, Yersinia pestis, une infection fatale aussi connue comme la peste.

La peste justinienne arriva à Constantinople, la capitale de l’empire byzantine, en 541 après Jésus-Christ. Elle a été transportée sur la mer Méditerranée depuis l’Egypte, un territoire récemment conquis rendant hommage à l’empereur Justinien dans le grain. Des puces rongées par la peste ont embarqué sur les rats noirs qui ont mangé des grains.

La peste décima Constantinople et se propagea comme un feu de forêt à travers l’Europe, l’Asie et l’Afrique du Nord et la péninsule arabique tuant environ 30 à 50 millions de personnes, peut-être la moitié de la population mondiale à l’époque.

« Les gens n’avaient aucune idée sur comment la combattre autrement que d’éviter les personnes malades » dit Thomas Mockaitis, un professeur d’histoire à l’université de DePaul.

« La peste prit fin, la majorité des personnes dans une pandémie survit, et ceux-là qui survivent sont imunisés »

2- La peste noire – L’invention de la quarantaine

Un couple souffrant des cloques de la peste noire, la peste bubonique qui a balayé l’Europe au Moyen-Âge. À partir du manuscrit suisse de la Bible de Toggenburg, 1411.

La peste n’a jamais été loin et quand elle retourna 800 ans plus tard, elle tua sans pitié. La peste noire, qui frappa l’Europe en 1347, emporta 200 millions de vies en seulement quatre ans.

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Pour arrêter la maladie, les gens n’avaient aucune compréhension scientifique de la contagion, dit Mocktaitis, mais ils savaient qu’il y avait quelque chose à faire avec la proximité. C’est pour cela les officiels en Vénice, de la ville côtière de Ragusa décidèrent de garder les nouveaux marins en isolation jusqu’à ce qu’ils prouvent qu’ils n’étaient pas malades.

Au début, les marins étaient détenus sur leurs navires pour 30 jours, ce qui est connu dans la loi Vénitienne comme un Trentino. Avec le temps, les vénitiens augmentèrent l’isolation forcée jusqu’à 40 jours ou un quarantino, l’origine du mot quarantaine et le début de son utilisation dans le monde occidental.

« Ça a définitivement eu un effet » dit Mocktaitis

3- La grande Peste – Sceller les malades

Des scènes dans les rues de Londres pendant la Grande Peste de 1665.

Londres n’a jamais pris une pause après la peste noire. La peste a refait surface à peu près tous les 20 ans de 1348 à 1665 – 40 cas en 300 ans. A chaque nouvelle épidémie de peste, 20% des hommes, femmes et enfants vivant dans la capitale britannique furent tués.

Au début des années 1500, l’Angleterre imposa les premières lois pour séparer et isoler les malades. Les maisons frappées par la peste furent marquées de balles de foins tendues à un poteau extérieur. Si vous aviez des membres d’une famille infectée, vous devez porter un pôle blanc quand vous sortiez en public. On croyait à l’époque que les chiens et chats étaient porteurs du virus, alors, il y eut un massacre à grande échelle de centaines voire de milliers d’animaux.

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La grande peste de 1665 était la dernière et l’une des pires du siècle, tuant 100 000 londoniens en seulement sept mois. Les divertissements publics étaient interdits et les victimes étaient forcées de rester confinées chez elles afin de réduire le risque de propagation de la maladie. Des croix rouges étaient peintes sur les portes à côté d’une prière pour demander pardon : « que Dieu aie pitié d’eux »

Aussi cruel soit-il de forcer les malades à rester cloitrés chez eux et d’enterrer les morts dans des charniers, c’était quand même le seul moyen de mettre fin à la grande peste.

4- La Variole – une maladie européenne ravage le nouveau monde

Le Dr Donald A. Henderson, qui a dirigé la guerre de l’Organisation mondiale de la santé contre la variole, administrant une vaccination contre la variole en Éthiopie, vers 1972. Le dernier cas connu remonte à 1977. Crédit Photo : Organisation mondiale de la santé.

Elle fut une endémie en Europe, en Asie et en Arabie pendant des siècles, une menace permanente qui tua trois dixièmes des gens infectés et laissa les survivants avec des cicatrices.

Mais le niveau de morts de l’Ancien Monde ne faisait pas le poids comparé au ravage provoqué par la variole sur la population naissante à son arrivée au 15e siècle avec les premiers explorateurs européens.

Les populations indigènes des territoires actuellement le Mexique et les Etats-Unis n’avaient aucune immunité contre la variole et le virus les décima par dizaines de millions.

« Aucune tuerie n’équivalait ce qu’il y avait eu en Amérique – 90 à 95% des populations indigènes ont été emportées au cours d’un siècle » dit Mocktaitis.

« Mexique passa d’une population de 11 millions à un million »

Des siècles plus tard, la variole devint le premier virus épidémique qui fut traité par un vaccin. A la fin du 18e siècle, un docteur anglais du nom d’Edward Jenner découvrit qu’une trayeuse infectée avec un virus bénin appelé antivariolique semble immuniser contre la variole. Jenner a vacciné le petit fils de 9ans de son jardinier avec le vaccin et l’exposa face à la variole et ce dernier ne tomba pas malade.

« L’annihilation de la variole, le plus meurtrier des fléaux de l’espèce humaine devra être le résultat final de sa pratique » écrit Jenner en 1801

Et il eut raison. Ça a pris près de deux siècles, mais en 1980, l’Organisation mondiale de la santé annonça que la variole a été totalement éradiquée de la surface terrestre.

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5- Choléra – Une victoire de la recherche publique sur la santé

Au XIXe siècle, le choléra s’est répandu dans le monde entier à partir de son réservoir original, dans le delta du Gange en Inde.

Au début et jusqu’au milieu du 19e siècle, le cholera fit des dizaines de milliers de morts en Angleterre. Les théories scientifiques de l’époque disaient que le virus se répandait à travers un air épouvantable appelé ‘’miasme’’. Mais un docteur anglais nommé John Snow suspecta que cette mystérieuse maladie, qui tua ses victimes en quelques jours, se trouvait dans les eaux potables de Londres.

Snow agissait comme Sherlock Holmes, enquêtant à partir des registres d’hôpitaux et de rapports mortuaires pour traquer le foyer. Il constitua une carte géographique des morts du choléra sur une période dépassant 10 jours et déboucha sur une piste à 500 infections fatales entourant la fontaine de Broad Street, un lieu public bien connu pour boire de l’eau.

« Aussitôt j’ai pris connaissance de la situation, j’ai suspecté quelques contaminations de l’eau la plus fréquentée des fontaines de Broad Street » écrit Snow.

En déployant de gros efforts, Snow convainc les élus locaux de déplacer la source de la fontaine de Board Street, le rendant inutilisable, et comme par magie, l’infection s’estompa. Le travail de Snow n’a pas traité le choléra en une nuit mais son effort a clairement contribué à l’amélioration d’un système sanitaire urbain et à protéger l’eau potable de toute contamination.

Alors que le choléra a été largement éradiqué des pays développés, il est toujours présent dans le tiers-monde, là où il manque de techniques adéquates de traitement des eaux usées et l’accès à de l’eau potable.

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N.B.: Cette liste n’est pas exhaustive, elle comprend l’histoire de cinq (5) des pires pandémies qui ont secoué le monde. Les grandes pandémies telles que la grippe espagnole, la grippe asiatique, la peste antonine (…) n’ont pas été repérées.

Repéré sur History par Ney Zulmé.

À propos Rodney Zulmé

Je suis Rodney Zulmé, rédacteur à Balistrad, étudiant finissant en Économie & Finances à l'IHECE. Passionné de scénarios et de thrillers. Chaque jour est une vie, à travers l'écriture, travaillons à la beauté des choses.
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