Cette photo sert uniquement d'illustration à l'article. Photo prise en Guinée | Crédit : TV5MONDE

Violée par son oncle dès l’âge de 8 ans, elle nous confie un témoignage choc

Temps de lecture : 3 minutes

Dernière mise à jour : 13 octobre 2020 à 21h50

Neyila a 18 ans et vit actuellement en Floride. Elle avait 8 ans lorsque son oncle d’une vingtaine d’années à l’époque a commencé à abuser d’elle sexuellement. Tout cela se passait dans un quartier à Delmas 57, là où Neyila domiciliait avant de se rendre aux États-Unis.

Pendant 4 ans, il l’a utilisée comme un objet sexuel. A cause de lui, elle s’est addictée à la pornographie. Elle raconte que son oncle a quasiment essayé toutes les positions sexuelles avec elle. Pire encore, semble-t-il, elle a été mal vue par ses propres parents. Il est peut-être parfois difficile pour elle de se débarrasser de ces moments honteux. Elle a mis longtemps à se libérer. Aujourd’hui, âgée de 18 ans, elle a décidé de briser le silence.

Balistrad : Ton histoire est assez particulière, que s’est-il passé?

Neyila (nom d’emprunt) : Au fait, j’avais huit ans quand le frère de ma mère, qui était déjà à l’université à l’époque, commençait à me violer. En 4 ans, il m’a tout montré. Mais malheureusement quand j’avais décidé de tout raconter, il se défendait. Je n’ai été pas prise au sérieux. Mon oncle nie avoir commis les actes.

Balistrad: Comment cela avait-il commencé ?

Neyila : Quand les gens nous laissaient seuls à la maison, il me faisait regarder de la pornographie. Après il s’allongeait sur moi et commençait à me violer. Il suçait mes seins avec de la glace certaines fois. Il avait aussi l’habitude d’introduire brutalement son doigt dans mon vagin. Aussi, il me demandait de sucer son sexe, mais, sachant que son engin était trop gros pour moi, il faisait attention lors des pénétrations.

Balistrad: Tu n’as pas essayé de crier ?

Neyila : Au commencement, je disais non et surtout cela me faisait mal. À chaque fois que je voulais hurler, il déposait sa main sur ma bouche. Au final, j’avais fini par m’y habituer.

Balistrad: « J’avais fini par m’y habituer » Que veux-tu dire vraiment ?

Neyila : Après environ 5 rapports sexuels, cela paraissait comme normal pour moi. Avant tout, je n’avais que 8 ans! Je n’avais même pas encore atteint ma puberté. Innocemment, je ne pouvais pas réaliser ce qu’il était en train de causer comme dégâts dans ma vie.

Balistrad : Comment le considérais-tu ?

Neyila : Comme rien! Mais lui, il me considérait comme son objet sexuel.

Balistrad : Était-il violent ?

Neyila : On disait qu’il frappait sa copine. Cela avait peut-être développé une sorte de peur en moi. Il me faisait croire que c’était une bonne chose. Mais après, j’avais l’impression d’aimer.

Balistrad: Quels sont les impacts de tout cela ?

Neyila : Il y en a eu beaucoup. Premièrement, je suis très mal vue aux yeux de ma famille, qui normalement devrait être un soutien pour moi. Ensuite, je suis devenue une bête sexuellement, même quand je me livre à fond, j’ai toujours honte de moi. J’ai du mal à être satisfaite. À chaque fois que j’essaie une position sexuelle avec mon copain, ces images me montent à l’esprit. Il m’a rendue dépendante à la pornographie. Certaines fois, je pleure toute seule.

Balistrad : As-tu cherché de l’aide ?

Neyila : On m’a fait voir un psychologue qui m’a dit que cela n’enlève rien vraiment à ma personnalité. Mais moi, je sais que cela m’a enlevé quelque chose. J’ai honte de moi.

Il est important de rappeler que la soit-disant demande d’une fillette de huit ans est nulle. En aucun cas, une fillette de huit ans pourrait donner son accord. Si la majorité sexuelle reste un sujet de débats animés, il est clair qu’en dessous d’un certain âge, il s’agit tout simplement d’un viol lorsqu’un adulte profite de la naïveté d’un enfant.

Contrairement à ce que les gens pourraient penser, la majorité des cas de viols viennent des proches : amis et familles. Dans 94 % des cas de viols, les agresseurs sont des proches.

Cependant, les proches ne sont pas les seuls agresseurs. Pour preuve, le journal The Guardian avait révélé en avril dernier des informations faisant état d’abus sexuel, aussi sur mineur, au sein de la fédération haïtienne de football depuis des années.

Enfin, par peur de ne pas être crues, les filles se trouvent dans l’obligation de garder le silence. Aussi, elles sont doublement victimes (physiquement et mentalement) de ces hommes possédant soit l’autorité familiale, étatique ou économique. En ce sens, le hashtag #Pafèsilans a commencé par libérer la parole de plusieurs victimes de viols via les réseaux. Une levée de boucliers a été constatée contre les agresseurs certains temps en Haïti. Cependant, ce n’est pas suffisant. C’est la raison pour laquelle l’association AyitiNouVleA (ANVA) compte lancer un podcast #kozekiltivyòl pour porter la société à en discuter.

Si le chemin à parcourir paraît encore immense, le fait que les victimes brisent le silence paraît le premier pas vers une certaine réparation, une certaine justice.

Leevens Vilmé

À propos Leevens Vilmé

Leevens Vilmé, né le 20 novembre 1996 à Petite Rivière de l'Artibonite, est étudiant en linguistique à l'UEH.
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